Même si l'agglomération de Longueuil est très urbaine, l'agriculture n'a pas rendu les armes. Après avoir perdu 20 hectares, en 25 ans, au profit d'autres utilisations, les superficies agricoles y sont maintenant relativement stables et on y dénombre encore 51 fermes en activité.Même si l'agglomération de Longueuil est très urbaine, l'agriculture n'a pas rendu les armes. Après avoir perdu 20 hectares, en 25 ans, au profit d'autres utilisations, les superficies agricoles y sont maintenant relativement stables et on y dénombre encore 51 fermes en activité.

Le Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD) adopté en 2011 souhaite même augmenter de 6 % la superficie des terres cultivées à l'échelle métropolitaine.

Bien que positif, ce bilan n'empêche pas les pressions de l'urbanisation de se faire sentir au point de menacer l'existence de certaines entreprises.

2016, la fin du maïs dans les îles de Boucherville

Deux producteurs agricoles et 163 hectares, c'est ce qui reste de l'agriculture dans les îles de Boucherville, qui sont cultivées depuis 1680. L'an prochain sera la dernière année où on y verra pousser du maïs puisque les terres administrées par la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) seront renaturalisées pour créer des corridors forestiers.

Jean Martel, maire de Boucherville, n'en démord pas, l'agriculture ne doit pas cesser à cet endroit. « C'est un non-sens. On veut augmenter, le pourcentage des terres en culture et avec la fin de cette production, on va diminuer de 6 % le nombre de superficies. C'est 180 degrés contraire à l'objectif. »

Il ajoute que ce choix est d'autant plus discutable que le terrain de golf n'a pas subi le même sort puisque son bail a été renouvelé pour plusieurs décennies. « Si un golf peut cohabiter avec un parc, l'agriculture aussi. Les producteurs sont prêts à contribuer au maintien de l'environnement. De notre côté, nous avons des terres que nous serions prêts à reboiser et qui sont en ce moment en friche. »

L'élu s'explique mal cette décision, surtout au regard des appuis qu'il a obtenus. « On veut développer un camping sur les îles, mais aucun citoyen ne m'a demandé ça. Au contraire, nous avons une pétition de 4200 noms demandant le maintien de l'agriculture. Nous avons l'appui de l'agglomération de Longueuil et même que de la Communauté urbaine de Montréal (CMM). Malgré tout, le gouvernement continue de faire la sourde oreille. »

Jean Marcel l'avoue, il ne sait plus à quelle porte cogner. « Il est minuit trente. L'espoir s'amenuise et nous n'avons aucune nouvelle », dit-il.

Des terres qui valent leur pesant d'or 

Les terres agricoles valent de l'or. Lors de son dernier bilan, la Financière agricole a indiqué que leur valeur avait bondi de 24 % au Québec et de 27 % en périphérie de Montréal. Une valeur qui a un impact important pour l'agriculture puisqu'elle rend plus difficile l'accès aux terres pour les producteurs.

Dans son plan de développement de la zone agricole (PDZA), l'agglomération de Longueuil indique que le taux de location des terres cultivées est de 70 % à l'échelle de l'agglomération alors que ce taux est de 31 % ailleurs au Québec. « Les producteurs agricoles du territoire ne possèdent pas l'actif premier qui faciliterait la pérennité de leur exploitation et justifierait des investissements à long terme », indique le document.

Ginette Blondin, présidente du Syndicat de l'UPA de Marguerite D'Youville/Longueuil, est bien consciente de cette surenchère et mentionne qu'il est difficile avec ces prix pour une relève de s'établir.

Pour les producteurs en place, la situation n'est guère plus rose puisque ce sont leurs comptes de taxes qui montent en flèche : « Il n'y a pas d'avantage pour un producteur d'être en ville. Tout nous coûte plus cher, les terres, les taxes. Je paie pour un service de police pour mes champs, dont je n'ai pas vraiment besoin, disons ! »

Des terres en friche impossible à cultiver

Ce n'est un secret pour personne, les spéculateurs ont l'oeil sur les terres agricoles et leur vision de développement n'est pas toujours celle de l'agriculture. « Oui, c'est vrai, mais cela est appelé à changer puisque pour nous, c'est clair que des terres en culture doivent rester en culture. Pas question de dézoner des zones agricoles », mentionne Pascale Tremblay, agronome et responsable de l'agriculture et de l'agroalimentaire à Longueuil.

Le problème, c'est qu'aucune loi ne peut forcer quiconque à cultiver la terre. Résultat : près de 1458 hectares sont laissés en friche en ce moment dans l'agglomération de Longueuil.

L'ennui, c'est qu'en vertu du Règlement sur les exploitations agricoles adopté en 2002 et qui vise à résoudre le problème de pollution diffuse causé par l'agriculture, il est interdit de remettre en culture des terres à l'abandon, quel que soit le potentiel agricole des sols visés. « Certains de mes membres voudraient louer des terres et les cultiver, mais les propriétaires des terres refusent parce qu'ils aiment mieux les laisser en friche sachant qu'ils ne pourront plus rien faire avec. Ainsi, ils espèrent qu'un jour elles soient dézonées », raconte Mme Blondin.

Le morcellement des terres est une autre problématique. En tout, près de 1300 hectares sont répartis sur le territoire et ne peuvent pas être cultivés, car leur superficie n'est pas suffisante pour des activités agricoles.

Des gestes pour l'agriculture 

Pour tenter de remédier à la problématique du Règlement sur les exploitations agricoles, la Ville de Longueuil a lancé le projet Éco-territoire21 afin de remettre en culture 131 hectares de terre en friche en culture. « On veut que notre projet fasse école puisque nous voulons démontrer qu'il est possible de mettre en place une agriculture durable, écoresponsable et à faible impact sur la ressource eau », dit Pascale Tremblay.

Le projet devait débuter cette année, mais la Ville n'a pas encore obtenu tous les permis pour sa réalisation.