La ville de Longueuil, vieille de 355 ans, compte sur son territoire de nombreux édifices patrimoniaux. À la fin du mois d'août, elle a adopté un nouveau cadre de gestion pour mieux protéger ces bâtiments qui témoignent du passé.

La densification urbaine et le manque d'entretien sont les principales menaces qui planent sur les édifices patrimoniaux. Une demande de démolition pour une maison abandonnée d'environ 140 ans est à l'origine de la démarche visant à adopter un nouveau cadre. Le propriétaire voulait y construire un immeuble de six appartements en copropriété. N'eût été une demande de dérogation mineure, jamais les citoyens du quartier n'auraient été informés. Indignés, certains d'entre eux ont réussi à bloquer le projet. La maison de la rue Grant a tout de même été détruite sans permis, le printemps dernier.

Le nouveau cadre ne pourra empêcher les actes illégaux, mais les demandes de démolition et de travaux seront mieux gérées, explique Sylvie Parent, conseillère municipale et présidente du comité consultatif sur la protection des biens culturels. «Maintenant, les décisions seront mieux documentées et les citoyens du secteur seront consultés», ajoute-t-elle.

Amendes sévères

Dorénavant, chaque demande de démolition nécessitera la publication d'un avis public et l'installation d'une affiche sur le bâtiment. En cas de travaux ou de démolition non autorisés, des amendes beaucoup plus sévères seront prévues. La Ville pourrait même exiger la reconstruction d'un bâtiment semblable. «L'accent sera aussi mis sur la restauration plutôt que la rénovation des maisons», assure Mme Parent. Plusieurs règlements seront modifiés pour mieux refléter ces intentions.

Selon Guy Bouchard, président de l'Association des résidantes et résidants du Vieux-Longueuil, la Ville est sur la bonne voie. Néanmoins, il demeure sur ses gardes, puisque ces vieilles maisons, et surtout leurs grands terrains, font saliver les promoteurs. «La Ville a aussi intérêt à densifier pour avoir des stations de métro et des infrastructures», note-t-il.

M. Bouchard rappelle également que le comité consultatif avait recommandé la démolition de la maison de la rue Grant. Il a aussi permis des transformations très importantes à deux autres maisons - des «démolitions cachées», à son avis. Il souhaite donc que des spécialistes en patrimoine siègent au comité. «La richesse du Vieux-Longueuil, c'est l'ensemble du site du patrimoine. Si on démolit les bâtiments un après l'autre, les maisons autour perdent de leur valeur patrimoniale.»

Dans les années 1990, un inventaire a montré que le Vieux-Longueuil comptait environ 400 bâtiments patrimoniaux. Le nouveau cadre de gestion recommande d'ailleurs de refaire l'exercice afin d'avoir un portrait à jour. De plus, les autres arrondissements abritent aussi des édifices d'intérêt. Certaines règles les protègent, mais ils n'ont pas le statut légal de site du patrimoine. «Il faudrait qu'une demande soit déposée au conseil municipal», explique Mme Parent.

La Ville ne prévoit aucun programme ou mesure incitative pour aider les propriétaires de maisons patrimoniales. Mme Parent souhaite que de telles mesures soient envisagées par Québec dans le cadre de la nouvelle Loi sur le patrimoine culturel, dont l'adoption est prévue en octobre.