Et si l'agglomération de Longueuil prenait possession de l'aéroport de Saint-Hubert? L'idée lancée par la mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, vise à mettre fin aux querelles de gouvernance au sein de l'organisme sans but lucratif (OSBL) propriétaire de l'aéroport.

Pierre-Hugues Miller, président de l'OSBL Développement Aéroport Saint-Hubert de Longueuil (DASH-L), dresse un portrait morose de l'aéroport de Saint-Hubert. «La gestion est devenue difficile. Quand on pense au développement futur de l'aéroport, cela prendrait une vision concertée», explique-t-il.

Pourtant, la plateforme aéroportuaire est accolée à des partenaires aussi prestigieux que Pratt&Whitney, qui dispose d'un accès direct aux pistes, ou l'École nationale d'aéronautique (ENA) du collège Édouard-Montpetit, qui forme les futurs travailleurs du secteur de l'aérospatiale.

L'aéroport de Saint-Hubert sert aussi de base au transporteur régional Pascan Aviation, qui dessert la plupart des régions éloignées du Québec, ainsi que les capitales provinciale et fédérale.

École internationale

Enfin, l'aéroport accueille des écoles de pilotage qui forment des élèves venus du monde entier. Aux dernières élections municipales de 2009, leur activité est devenue un enjeu de campagne, souligne Catherine Bérubé, attachée de presse de la mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire. Excédés par le bruit des décollages et atterrissages successifs, des citoyens réclamaient alors la diminution des heures de vol de ces «tondeuses volantes», précise Mme Bérubé.

Pour régler les conflits, la mairesse de Longueuil a demandé au ministère des Affaires municipales de confier la propriété de l'aéroport à l'agglomération de Longueuil. Le ministre Laurent Lessard (encore en fonction au moment d'écrire ces lignes) n'a pas tranché, et l'agglomération attend maintenant la position du nouveau gouvernement péquiste.

Cela améliorerait-il la situation financière de l'aéroport? Oui, selon le président de DASH-L. «L'aéroport est déficitaire d'environ 300 000$ par année, précise M. Miller. Nous équilibrerions le budget rien qu'en supprimant les frais juridiques. Et nous dégagerions un excédent en ne payant plus de taxes à l'agglomération de Longueuil, devenue propriétaire de l'aéroport.»

Pas l'unanimité

Mais des voix s'opposent à la municipalisation. Le propriétaire de Pascan Aviation, Denis Charest, a écrit au ministre Lessard pour demander la privatisation de l'aéroport, plutôt que sa municipalisation.

Pascan Aviation préfère ne pas commenter le dossier, compte tenu des poursuites judiciaires en cours. Le transporteur aérien poursuit notamment la mairesse de Longueuil pour 20 millions de dollars, pour obstruction à la croissance de ses activités.

Du côté des élus de l'agglomération, la municipalisation ne fait pas l'unanimité. Quatre des cinq villes composant l'agglomération se sont prononcées pour la municipalisation, mais Brossard ne veut pas en entendre parler pour le moment. «Cela fait des mois que nous réclamons un plan d'affaires. On ne peut pas accepter la municipalisation sans connaître le potentiel et les risques liés», explique Paul Leduc, maire de Brossard. «Quand on aura un plan d'affaires complet, pas seulement un document budgétaire, on le regardera attentivement. Je ne peux pas faire un chèque en blanc à Longueuil.»

Une firme de consultation réalise actuellement «une étude sur le potentiel de développement du secteur de l'aéroport dans un contexte de municipalisation des activités de l'aéroport» pour le compte de Développement économique Longueuil (DEL). «Nous sommes en train de mesurer l'impact de la municipalisation de l'aéroport de Saint-Hubert, à travers les coûts et les bénéfices de l'opération. Le document sera disponible début novembre», affirme Gilles Côté, PDG de DEL.