Après avoir fracassé un record l'an dernier, les entreprises québécoises continuent de faire très bonne figure au palmarès des sociétés les mieux gérées de Deloitte grâce à 11 nouvelles lauréates. Le secret de leur succès ? Les efforts déployés pour innover davantage, entre autres.

« On parle beaucoup de technologie et d'innovation au Québec, ce sont des thèmes omniprésents, constate Brigitte Vachon, associée leader chez Deloitte et membre du jury. À titre d'exemple, Novatech, une entreprise dans les portes et fenêtres, a mis sur pied son propre centre d'innovation. C'est rare de voir cela ! »

Cet accent mis sur l'innovation par les sociétés les mieux gérées constitue une excellente nouvelle, selon Mme Vachon. « C'est important afin que les entreprises demeurent bien placées sur l'échiquier mondial, note-t-elle. Qu'elles investissent beaucoup en technologies, c'est vraiment très positif. Elles comprennent ce qui est essentiel pour leur succès et leur performance. »

Malheureusement, toutes les entreprises ne peuvent en dire autant. Une étude réalisée par Deloitte l'an dernier concluait que le Canada avait beaucoup de travail à faire pour se démarquer sur la scène mondiale en matière d'innovation. « Dans notre sondage, lorsqu'on parle aux entreprises des technologies qui s'en viennent, comme les imprimantes 3D, la robotique et l'intelligence artificielle, environ 80 % admettent qu'elles ne sont pas prêtes », souligne Mme Vachon.

Ce n'est cependant pas le seul aspect où les sociétés les mieux gérées se démarquent de la masse. Pour se tailler une place dans le palmarès, elles doivent exceller dans quatre sphères : la stratégie, la capacité (exécution du plan et techniques de vente et de marketing), l'engagement et le rendement financier. Cela leur permet de garder le cap, même en eaux troubles. Ainsi, malgré la chute de la valeur du dollar et du pétrole, elles parviennent à tirer leur épingle du jeu.

« Avec un plan stratégique bien défini, elles sont en mesure de s'adapter aux conditions économiques, constate Mme Vachon. Elles n'ont pas peur de prendre le risque d'investir. Elles sont agiles. En Alberta, par exemple, les entreprises vivent des défis importants et certaines nous ont épatés par leur capacité à réagir. »

La recette du succès

Pour aider d'autres sociétés à peaufiner leurs façons de faire, Deloitte a maintenant décidé d'offrir un laboratoire à celles qui ne sont pas qualifiées au palmarès. L'objectif est de partager avec elles les meilleures pratiques observées dans les sociétés les mieux gérées au pays. « Ça nous a été demandé par les entreprises non gagnantes, explique Mme Vachon. Ainsi, on s'assoit pendant toute une journée avec la haute direction des entreprises. On regarde ensemble où se situe l'organisation et où elle devrait aller. On met aussi en place un échéancier précis pour apporter des changements. » Mme Vachon établit un lien très clair entre la rigueur dans l'amélioration des habiletés de gestion des entreprises et leurs performances. « Les sociétés les mieux gérées ont toujours une volonté de devenir les meilleures dans ce qu'elles font, que ce soit en ressources humaines, en production ou en chaîne d'approvisionnement », note-t-elle.

14 % des entreprises qualifiées

Chaque année, le programme des sociétés les mieux gérées de Deloitte accueille une cinquantaine de nouvelles entreprises lauréates. Par la suite, elles peuvent poursuivre leur chemin dans les différentes catégories du programme. « C'est un défi pour les entreprises de rester à la hauteur, car la compétition est féroce », souligne Mme Vachon.

Actuellement, le Québec compte 57 entreprises qualifiées, incluant les nouvelles lauréates de cette année. Cela représente 14 % des 402 sociétés du programme à la grandeur du pays. C'est relativement peu, mais il faut dire que les entreprises québécoises étaient moins présentes au palmarès au départ. Ce n'était toutefois pas en raison de leur mauvaise gestion, mais plutôt de leur méconnaissance du programme, qui était plus populaire dans l'ouest du pays, assure Mme Vachon.