Après quelques années de forte croissance, les principaux prêteurs constatent une accalmie dans le marché québécois des hypothèques résidentielles.

Pas de ressac marqué, toutefois, dans ce marché des prêts et des marges de crédit hypothécaire, évalué à 190 milliards.

Tout au plus, les principaux prêteurs québécois s'attendent à une croissance ralentie autour de 7%, sur une base annualisée.

En comparaison, c'est une croissance encore supérieure à celle de l'ensemble de l'économie, mesurée par le PIB.

Mais aussi, cette croissance s'annonce très inférieure aux «années exceptionnelles» de 2006 et 2007, alors que le marché a crû de presque 15% par an.

C'était avant la crise financière et la récession de 2008-2009 provoquée par le dérapage catastrophique du marché hypothécaire aux États-Unis. Et dont l'impact s'est manifesté au Québec par un soudain mais bref coup de froid parmi les emprunteurs hypothécaires.

Depuis, «le volume de prêts hypothécaires est demeuré assez élevé en dépit de la croissance ralentie», résume Danny Déry, vice-président des Solutions aux particuliers à la Banque Nationale.

Parts de marché

Avec un encours hypothécaire total de près de 35 milliards, dont la grande majorité est au Québec, la Banque Nationale prétend au deuxième rang des parts du marché québécois.

«Nous sommes autour de 15 à 17%, mais en progression», indique M. Déry, avant de confirmer que «le marché demeure très agressif» entre les prêteurs pour se disputer les meilleurs clients.

Au Mouvement Desjardins, qui aspire à la plus grosse part du marché (38% ) avec son encours de 73 milliards, on affirme aussi la volonté d'être le plus concurrentiel possible.

«Desjardins accepterait difficilement de perdre des parts de marché», souligne Pierre Belzile, directeur à la gestion de l'offre au Mouvement Desjardins.

Cela dit, il admet «qu'avec une telle part de marché, ce n'est pas Desjardins qui se lancera dans la surenchère des promotions dans le seul but d'aller chercher des parts de marché additionnelles.»

Est-ce à suggérer que les clients de Desjardins doivent s'attendre à des taux d'intérêt moins attrayants? «Non, les taux offerts dans les caisses Desjardins demeurent parfaitement concurrentiels», répond M. Belzile.

«En fait, ce n'est plus avec les taux que la concurrence est la plus active entre les prêteurs hypothécaires. De plus en plus, c'est la qualité des services et des conseils aux clients qui différencient les prêteurs sur le marché. Et ça compte surtout parmi les jeunes ménages qui en sont à leur première propriété», explique Pierre Belzile.

Vers d'autres produits

«Chez Desjardins, le prêt hypothécaire représente une occasion extraordinaire d'accroître la prestation de services parmi nos membres.»

Considération semblable à la Banque Nationale envers sa clientèle de particuliers.

Elle vient d'ailleurs d'ajouter quelque 300 «conseillers»dans son réseau de succursales afin de mieux accompagner les clients dans leur démarche hypothécaire et, par la suite, les amener vers d'autres produits financiers.

Parce que comme pour ses concurrents, les prêts hypothécaires demeurent pour la Nationale une activité de rentabilité limitée lorsque l'on considère l'ampleur des actifs impliqués.

En fait, c'est dans les autres services financiers aux particuliers comme la gestion d'avoir et certains crédits à la consommation que les banques et les caisses populaires Desjardins ont un meilleur potentiel de profit.

D'où l'importance d'utiliser les prêts hypothécaires pour fidéliser la clientèle et l'introduire à d'autres produits et services financiers.

À la Banque Laurentienne, cette volonté de commercialisation financière plus poussée a motivé la constitution d'une «force mobile» de conseillers qui rencontrent les clients chez eux, au lieu d'un rendez-vous en succursale.

Ces efforts auraient porté ses fruits, surtout dans «notre cible principale des jeunes ménages», a mentionné le président de la banque, Réjean Robitaille, en marge de la récente assemblée des actionnaires.

L'encours hypothécaire de la Banque Laurentienne frôle maintenant les 12 milliards, ce qui équivaut à 6% des parts du marché québécois.