Pour marquer une fois pour toutes la fin du régime trouble de l'ex-maire Gilles Vaillancourt, l'administration lavalloise semble résolue à travailler à visière levée avec les promoteurs immobiliers et les constructeurs d'habitations, avec qui elle dit souhaiter entretenir « une relation d'affaires durable ».

« C'est désormais le service à la clientèle qui va primer, explique Marc Tremblay, directeur général adjoint au développement économique à Laval. On dit aux entrepreneurs : vous êtes des clients, et on est là pour vous offrir des services adaptés à vos besoins. »

IMPLANTER UNE NOUVELLE CULTURE

En poste depuis un peu plus de six mois - il a notamment été PDG du Palais des congrès de Montréal et vice-président chez Intrawest à Tremblant -, le responsable des dossiers économiques affiche ses couleurs. Il veut implanter « une nouvelle culture de gestion » au sein de l'appareil municipal.

Cette volonté de rapprochement avec les entrepreneurs se traduira plus concrètement, fait-il observer, par la tenue d'un premier grand forum immobilier, le 30 novembre, qui réunira plus de 300 acteurs économiques de tous les milieux.

« On va en profiter pour expliquer les grands projets à venir dans les secteurs résidentiel, commercial et industriel, précise M. Tremblay, en tenant compte du développement durable, de l'urbanisme, de l'ingénierie et de l'environnement. »

RÉTABLIR LA CONFIANCE

Sur le terrain, les attentes sont grandes. Les promoteurs immobiliers rappellent que la crise politique qui a secoué l'hôtel de ville - et qui a amené Québec à mettre Laval en tutelle - a refroidi leurs ardeurs, en plus d'ébranler les liens de confiance et de collaboration avec les fonctionnaires municipaux. 

« On a senti une très grande impatience, rappelle Jean-François Voyer, copropriétaire et directeur du développement des affaires chez Construction Voyer. Des projets de construction de maisons ont été mis sur la glace, des promoteurs sont même allés construire ailleurs. Cela a tourné à l'avantage de certaines villes de la couronne nord de Laval. »

Mais les choses s'améliorent, « et il y a une volonté de changement », tient à souligner le promoteur et constructeur lavallois, qui fait partie du comité de consultation qui a été mis en place par la Ville et qui regroupe des organisations de constructeurs d'habitations ainsi que des promoteurs.

« Il y a du rattrapage à faire, concède-t-il néanmoins, entre autres pour accélérer le processus d'étude des dossiers pour l'émission des permis de construction. »

« C'est encore trop long, relève-t-il. Pour un simple bungalow, ça peut prendre jusqu'à quatre mois et demi pour obtenir un permis. »

RESSERRER LA VIS

Même constat pour Sonia Chrétien, qui vend des maisons neuves pour le compte de constructeurs d'habitations à Laval. « Nous venons de connaître des années désastreuses, estime la courtière en immeubles chez Remax 2000. C'est comme si tout s'était arrêté. Même pour obtenir un permis, c'était devenu terriblement long et compliqué. » 

Elle dit comprendre qu'il « fallait que la Ville resserre la vis », en raison des allégations de corruption qui ont noirci l'image de Laval. « Il va falloir qu'on accélère le traitement des demandes des promoteurs », relève-t-elle, citant le cas d'un promoteur « qui attend ses permis depuis 2010 » pour construire des maisons.

« Est-ce un signe de changement ? questionne-t-elle. Il vient d'avoir deux rencontres consécutives, en septembre et en octobre, avec des responsables de l'hôtel de ville. »

PLACER LA BARRE HAUT

Le maire Marc Demers en convient : son administration, qui a pris le relais de celle de l'ex-maire Vaillancourt en novembre 2013, a « placé la barre haut » et s'est fixé des objectifs ambitieux pour générer des investissements.

Mais déjà, selon lui, le vent a commencé à « tourner favorablement », ce qui lui permet de croire que la nouvelle stratégie d'ouverture atteint ses objectifs.

« On le sent sur le terrain, dit-il. Il y a une belle synergie entre la Ville et la chambre de commerce et d'industrie de Laval, notamment. Toutes les deux semaines, je visite un siège social pour prendre le pouls des dirigeants. »

Il rappelle qu'il y a trois semaines, il a inauguré le Carrefour des entrepreneurs, dans la Maison du commerce et de l'industrie, qu'il décrit comme « un incubateur-accélérateur » où sont dispensés des services-conseils.

LA NOUVELLE VISION ÉCONOMIQUE EN 5 ÉTAPES

- Abolition de Laval Technopôle

- Abolition du Centre local de développement

- Création du Secrétariat général

- Création du Carrefour des entrepreneurs

- Création de cinq autres pôles d'expertise économique (qui s'ajoutent aux six pôles existants)