Six ans après son inauguration, le métro de Laval souffre déjà de problèmes chroniques d'engorgement. «Ça nous préoccupe», indique le directeur général de la Société de transport de Laval (STL), Guy Picard, à propos du taux d'achalandage des stations Cartier, de la Concorde et Montmorency.

Il ajoute que «la ligne orange [vers Henri-Bourassa] est déjà à plein rendement et il ne faudrait pas que ça devienne un frein au développement du réseau de transport en commun.»

Le directeur général est aux commandes de la STL depuis janvier 2012. Il maintient qu'il faudrait «rapidement» donner le feu vert au prolongement du métro vers l'ouest de Laval, à partir de la station Côte-Vertu, dans l'arrondissement de Saint-Laurent, en traversant la rivière des Prairies.

Mais il est forcé de se rendre à l'évidence. «Le gouvernement a annoncé le prolongement de la ligne bleue vers 2020, puis de la ligne jaune un peu plus tard, ajoute-t-il. À Laval, le prolongement, ça ne pourrait être que vers 2030. Mais qu'est-ce qui va arriver avec les gens que nous amenons au métro si nous ne trouvons plus de place pour les faire voyager? C'est loin, 2030.»

Autobus plus rapides

Tout en misant sur l'extension du métro, le directeur général de la STL ne délaisse pas pour autant les solutions à plus court terme afin d'augmenter la fluidité et la rapidité des autobus de la société de transport, qui dispose d'un budget annuel de 120 millions de dollars, avec 850 employés et une flotte de 270 véhicules.

«Nous devons faire en sorte que nos véhicules ne se retrouvent plus paralysés dans les bouchons de circulation», soumet-il. Cela passera, selon lui, par l'aménagement de voies réservées qui traverseront partiellement les grands axes routiers (boulevard des Laurentides, de Concorde, Le Corbusier). Actuellement, seule une voie réservée permet aux autobus de la STL de s'engager sur le boulevard des Laurentides en direction du pont Viau, mais sur une très courte distance.

Il est également question de donner la priorité aux autobus aux feux de circulation et de faire circuler des véhicules moins imposants sur certains circuits.

«Si on voit un autobus qui passe devant nous alors qu'on est arrêté dans son automobile, ça peut inciter à passer au transport en commun», espère-t-il.

En septembre 2013, le ministre des Transports et ministre des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire (MAMROT), Sylvain Gaudreault, a attribué une somme de 36 millions qui aidera la STL à faire rouler ses autobus plus vite aux heures de pointe.

Le directeur général estime d'ailleurs que Laval devra tôt ou tard s'engager avec plus de détermination sur la voie du transport en commun.

«Notre objectif, c'est d'augmenter le taux d'utilisation de nos véhicules de 40%, prévoit-il. Ça se fera graduellement sur une période de 10 ans. C'est à nous de proposer le transport en commun comme une solution aux problèmes de congestion et de pollution.» Par exemple, la STL a mis en place un «centre de gestion des déplacements» pour cerner les besoins de transport des Lavallois.

Guy Picard devra toutefois se montrer persuasif pour convaincre les Lavallois de laisser leur «char» dans leur entrée de garage. À preuve: la dernière enquête origine-destination réalisée par l'Agence métropolitaine de transport (AMT) révélait que seulement 18% des Lavallois utilisent le transport en commun en période de pointe, contre 35% à Montréal.

Mais il y a de l'espoir. En 2013, le nombre de déplacements en autobus sur le territoire lavallois a augmenté de 4%, avec un total de 20 millions de déplacements, tandis que la croissance démographique grimpait de seulement 1,2%.

«On commence à délaisser l'automobile», constate le directeur général.