La Cité de la biotech à Laval vit actuellement un «bouillonnement» qui laisse présager une phase d'activité intense favorisant de nouvelles implantations d'entreprises québécoises et européennes.

«Il ne se passe pas un mois sans que nous ne recevions des visiteurs venus d'Europe en mission en vue d'une installation chez nous, se réjouit le nouveau directeur du parc technologique, Jean-Marc Juteau. Parallèlement, nous sommes sollicités par des entreprises d'ici en phase de démarrage désireuses de réaliser des projets dans notre incubateur.»

Il ajoute: «Ça bouillonne. Ça investit. Un fonds d'investissement a été créé tout récemment. Nous songeons même à hausser la capacité de notre incubateur où se trouve déjà une quinzaine de jeunes entreprises. Nous encourageons les start-up!»

En mai, Valeant Pharmaceuticals International a inauguré son nouveau siège social international à Laval, au moyen d'investissements de 70 millions. La société pharmaceutique a ainsi créé un «précédent» en devenant, selon ses dirigeants, la première et seule multinationale à établir son siège social international en sol québécois.

En septembre, la société pharmaceutique française Servier a annoncé un investissement de 16,3 millions pour la construction d'un centre en recherche clinique sur les maladies cardiovasculaires, la cancérologie et la neuropsychiatrie. Ce nouveau complexe aura une superficie de 30 000 pieds carrés.

L'investissement permettra de consolider 56 emplois en recherche et de créer 38 nouveaux postes de chercheurs et d'employés spécialisés en réglementation notamment.

Investissements

Un autre investissement de 9 millions a été réalisé par l'INRS-Institut Armand-Frappier pour de nouveaux bureaux et des laboratoires dans la Cité de la biotech, qui abrite le plus grand centre de recherche en vaccins privés en Amérique du Nord, avec la présence du géant mondial GSK (GlaxoSmithKline).

Jean-Marc Juteau, en poste depuis avril 2013, aime rappeler qu'il dirige «le plus gros parc technologique consacré à la biotechnologie et aux sciences de la vie» au Québec, avec 80 entreprises, 10 institutions et près de 5000 employés.

Il s'attend à attirer de nouvelles entreprises, d'ici ou d'ailleurs, sur les deux millions de pieds carrés encore disponibles. Ses arguments de vente: la qualité de la main-d'oeuvre, la présence de stations de métro à proximité, les exemptions de taxes consenties par la Ville de Laval pour les gros projets d'implantation... et les 2 millions de pieds carrés encore disponibles.

Sous-traitance

Par ailleurs, le directeur de la Cité de la biotech, qui se qualifie d'abord comme un entrepreneur, s'efforce de faire une lecture précise et réaliste de cette industrie. Il convient que la restructuration des grosses sociétés pharmaceutiques a «fait mal à l'industrie» et découragé plusieurs entreprises en démarrage - les start-up - à se lancer dans des projets de développement.

«Il y a eu un petit marasme pendant quelques années causé par les gros problèmes financiers des entreprises pharmaceutiques, fait-il observer. Ça s'est répercuté jusqu'aux plus petites firmes et aux organisations de recherche contractuelles. Mais là, cette restructuration arrive à sa fin.»

Cette embellie devrait, selon lui, donner de l'oxygène aux petites entreprises qui ont pignon sur rue dans la Cité de la biotech.

«Nous avons la chance d'avoir des petites entreprises capables de remplir des mandats de recherche pour les grosses sociétés pharmaceutiques qui préfèrent acheter des technologies au lieu de mettre au point leurs molécules dans leur laboratoire, constate-t-il. Dans un secteur comme le nôtre, ça amène des débouchés pour la recherche.»

Jean-Marc Juteau ne veut pas se contenter de regarder le train passer. Au printemps 2014, il se rendra en mission en France afin d'y rencontrer des entreprises pharmaceutiques désireuses de planter leur drapeau bleu-blanc-rouge au Québec.

Il s'attend à ce que ce voyage exploratoire se traduise par des résultats concrets. «Nous n'avons jamais vu autant d'entreprises européennes s'installer en Amérique du Nord, et nous comptons bien y participer en misant sur notre réputation», tient-il à préciser.

Comment expliquer un tel intérêt de la part des sociétés européennes pour le Québec? Il ne le dit pas dans ces termes, mais il croit comprendre que la morosité économique, dans plusieurs pays d'Europe, incite un grand nombre de sociétés pharmaceutiques à traverser l'Atlantique pour y trouver des conditions d'investissement moins instables.