Un maire et des hauts fonctionnaires accusés de gangstérisme. Une ville mise sous tutelle. Laval, troisième ville en importance au Québec, et 13e au Canada, avec une population de plus de 410 000 habitants, a été frappée de plein fouet par une crise politique sans précédent qui a fragilisé le lien de confiance entre la population et ses élus.

Il y a trois semaines, les Lavallois ont élu à la mairie le policier à la retraite Marc Demers et une nouvelle équipe de conseillers municipaux. Un changement de garde qui devrait amener un vent de renouveau, espèrent les gens d'affaires et les investisseurs qui s'attendent maintenant au retour à la stabilité.

Après la pluie, une embellie?

«Laval arrive à une jonction», estime le PDG de Laval Technopole, Pierre Desroches.

Son mandat consiste, en priorité, à s'occuper du développement économique et à rendre la ville attrayante aux yeux des investisseurs. Or, son travail s'est complexifié au cours de la dernière année dans la foulée des révélations à la commission Charbonneau.

Il est le premier à reconnaître qu'un climat de méfiance est un frein à l'initiative. «Il est vrai que ça peut avoir un impact chez les investisseurs», observe celui qui dirige le bras économique de la ville depuis novembre 2007.

«Mais ces gens-là sont assez intelligents pour savoir que c'est une mauvaise passe, que c'est passager», précise-t-il.

Arguments financiers

Pour les rassurer, Pierre Desroches apporte des arguments financiers. «On est encore la ville avec la meilleure cote de crédit au Québec, dit-il à propos de l'évaluation AA attribuée par la firme de notation Standard&Poor's. Nous sommes une ville bien gérée, indépendamment de ce qu'on peut penser.»

Le PDG de Laval Technopole souhaite toutefois aller plus loin pour faire passer Laval en mode 2.0 et pour accélérer les projets d'investissement. Aussi mise-t-il sur l'adoption d'une politique de développement économique qu'il entend proposer à la nouvelle administration municipale.

«Il faut aller de l'avant», insiste-t-il. Une vision que partage la directrice générale de la Chambre de commerce et d'industrie de Laval, Chantal Provost.

«Nous avons hâte qu'on cesse de parler de ce qui ne va pas, plaide-t-elle. Nous voulons nous sortir de cet immobilisme qui nuit aux affaires. Nous souhaitons que la ville soit dans l'action et que ça se fasse dans la transparence, la rigueur et l'honnêteté.»

Elle ajoute: «La politique, ce n'est pas notre «core business». Nous, c'est le développement économique.»

La directrice générale, en poste depuis trois ans, fait valoir que le monde des affaires voudra savoir comment la nouvelle administration va positionner Laval sur l'échiquier économique.

«Laval est une ville entreprenante et il y a des questions à poser aux nouveaux élus sur la façon d'accompagner les entreprises et de mobiliser le milieu», souligne-t-elle.

Baisse des investissements

Par ailleurs, la valeur des investissements sera en «légère baisse» pour l'année 2013, prévoit le PDG de Laval Technopole. Les investissements dans les secteurs résidentiel, commercial, industriel et institutionnel devraient totaliser 1,2 milliard en 2013, contre 1,5 milliard en 2012.

À lui seul, le secteur de la construction résidentielle - avec des investissements prévus de 716 millions - accusera une baisse d'environ 200 millions.

Il attribue cela, en partie, au ralentissement de l'activité économique, mais aussi aux nouvelles «procédures gouvernementales», selon son expression, qui retardent l'émission des permis de deux à trois mois pour les gros projets résidentiels. Il fait allusion aux exigences du ministère de l'Environnement qui veut éviter que des projets résidentiels sortent de terre dans des zones inondables.

En dépit de ce ralentissement, Pierre Desroches conclut que le bilan est «positif» et que Laval continue de bien se tirer d'affaire. «Nous avons 150 dossiers actifs d'entreprises qui ont manifesté de l'intérêt à s'implanter chez nous, dit-il. C'est significatif.»