Les technologies mises à la disposition des ingénieurs ont fait des pas de géant en 50 ans. Témoin privilégié de cette évolution, l'ingénieur Faraj Nakhleh relate comment la vie de ses semblables s'est transformée depuis l'avènement de la carte perforée.

Les technologies mises à la disposition des ingénieurs ont fait des pas de géant en 50 ans. Témoin privilégié de cette évolution, l'ingénieur Faraj Nakhleh relate comment la vie de ses semblables s'est transformée depuis l'avènement de la carte perforée.

À 72 ans, Faraj Nakhleh fait partie de la poignée d'ingénieurs québécois qui peuvent témoigner de l'impact de l'évolution des technologies sur le travail des ingénieurs depuis la fin des années 60.

Après tout, c'est à cette époque qu'IBM est venue l'arracher à l'Université McGill, où il avait entamé des études de maîtrise en génie électrique.

L'entreprise commercialisait alors des ordinateurs géants fonctionnant avec des cartes perforées. « On était loin des ordinateurs personnels, se rappelle-t-il. Ceux-là occupaient toute une pièce. »

Après avoir installé, programmé, puis expliqué comment on devait utiliser pareils instruments chez Hydro-Québec et au Canadien Pacifique, notamment, le jeune ingénieur est passé chez Xerox à une période où l'entreprise fabriquait encore des ordinateurs, notamment pour les simulateurs de vol de CAE. L'entreprise offrait aussi un service d'impression.

ACCÉLÉRER LE TRAVAIL

Au cours des années qui ont suivi, le travail des ingénieurs, comme celui de bien d'autres corps de métier, s'est « transformé à une vitesse ahurissante », relate M. Nakhleh, notamment avec l'arrivée des premiers ordinateurs personnels à la fin des années 70, puis de l'internet dans les années 90.

Celui-ci se souvient d'une époque où les ingénieurs civils s'échangeaient encore des plans par courrier et attendaient de cinq à six jours avant de recevoir les corrections. « Au final, ça prenait des semaines et des semaines à réaliser des tâches qui se font aujourd'hui en quelques heures grâce aux courriels et aux sites FTP. »

La transformation du travail en termes de temps s'est aussi transportée dans l'espace, ajoute-t-il.

« Maintenant, on peut concevoir un projet dans un bureau à Montréal même s'il sera réalisé à Dubaï. »

Aujourd'hui à la tête de TrakMaps, une entreprise qui conçoit à la fois des cartes topographiques imprimées et d'autres qu'on insère dans les systèmes GPS, l'ingénieur profite de pareilles technologies pour suivre les activités de son entreprise à distance.

« Lorsque je suis à l'étranger, je prends quelques minutes le matin pour vérifier l'état des commandes », explique-t-il.

« Ça facilite énormément la prise de décision, ajoute-t-il. Aujourd'hui, je peux connaître l'état financier de mon entreprise en quelques minutes alors que ça prenait des jours auparavant. »

L'adoption des progiciels de gestion intégrée par les entreprises - ERP en anglais - y est pour quelque chose, selon lui. Les technologies ont facilité grandement la planification des achats et la gestion des stocks « juste à temps ».

Cela dit, ce qui l'étonne encore aujourd'hui, c'est tout le chemin parcouru depuis l'utilisation de ces petits bouts de carton perforé.

« Le téléphone que j'ai présentement dans la main a plus de puissance qu'il y en avait dans tous les ordinateurs que j'ai vendus pendant mon passage chez IBM », lance-t-il à la blague.

TrakMaps, l'entreprise de Faraj Nakhleh, conçoit à la fois des cartes topographiques imprimées et d'autres qu'on insère dans les systèmes GPS. Photo David Boily, La Presse