Seul établissement à former les ingénieurs forestiers au Québec, l'Université Laval mise sur un atout de taille : la plus grande forêt d'enseignement et de recherches au monde.

Située près de l'autoroute Laurentienne, entre Québec et Chicoutimi, la forêt Montmorency est passée de 66 km2 à 412 km2 au printemps 2014. « Depuis avril 2013, la nouvelle loi forestière prévoit de nouveaux modes de gestion, souligne Hugues Sansregret, directeur des opérations à la faculté de foresterie. Mais malgré les 16 forêts d'enseignement au Québec, on n'avait pas de dispositif pour tester et enseigner ces modèles. On avait besoin de plus d'espace. »

L'endroit crée des images claires dans la tête des étudiants au baccalauréat, à la maîtrise et au doctorat. « Quand on parle d'harmonisation des usages en prévoyant des coupes forestières, on peut illustrer comment exploiter les ressources naturelles en respectant l'écosystème, dit M. Sansregret. On comprend aussi qu'on ne peut pas gérer une forêt publique sans se soucier des chasseurs, des pêcheurs, des villégiateurs et des membres des Premières Nations. »

Les étudiants passent souvent des demi-journées en forêt pour récolter des données qu'ils traiteront le lendemain en classe. Ils doivent aussi y faire des stages pratiques.

« On leur donne un morceau de forêt de quelques kilomètres carrés et ils doivent faire un travail de génie en planification. »

-Hugues Sansregret, directeur des opérations à la faculté de foresterie de l'Université Laval

La forêt Montmorency est également le terrain de 52 projets de recherche dans plusieurs domaines : tourisme, biologie, archéologie, nutrition, génie civil, science de l'éducation et génie forestier. Parmi ceux-ci, on en compte un du chercheur de la NASA, Marc Simard, qui évalue la biomasse mondiale à l'aide de satellites.

TOUS REGROUPÉS À QUÉBEC

Au-delà des études et des cours offerts dans la nature, la forêt Montmorency génère une multitude de cas pour les étudiants en génie forestier. À l'Université Laval, trois spécialisations sont offertes au bac.

La première : l'aménagement et l'environnement forestiers. « Les étudiants apprennent à poser un diagnostic et à prescrire des interventions pour que la forêt donne les produits attendus (bois de sciage, pâtes et papier, etc.) à moyen et long termes », explique Nancy Gélinas, vice-doyenne aux études.

De leur côté, les bacheliers en opérations forestières sont impliqués dans les travaux sylvicoles commerciaux, de la construction de routes à la gestion de machinerie en forêt, afin de réduire les impacts environnementaux. Ceux qui s'orienteront en génie du bois travailleront en usine afin d'optimiser les procédés.

Ces trois formations mènent au titre d'ingénieur forestier, mais elles sont encore confondues avec la profession de bûcheron et les autres formations du domaine forestier. Les écoles professionnelles forment des travailleurs sylvicoles de terrain. Les techniques au cégep forment des spécialistes de la prise de données. Pour sa part, l'ingénieur forestier prend l'information et l'analyse pour mieux planifier l'aménagement des travaux, en plus de faire du travail de terrain.

La vice-doyenne aux études affirme que l'Université Laval doit également composer avec l'image négative véhiculée à propos de la profession.

« Les gens croient qu'on malmène les forêts et qu'on les surexploite. Mais l'université essaie de former les étudiants au meilleur des connaissances actuelles. Et on fait beaucoup de recherches pour les améliorer », rappelle Nancy Gélinas, vice-doyenne aux études à la faculté de foresterie de l'Université Laval.

La forêt Montmorency 2.0

Une campagne de financement est en cours pour étendre le réseau WiFi à toute la forêt. « On veut permettre aux chercheurs et aux visiteurs d'avoir accès aux projets de recherche dans chaque secteur en temps réel. C'est la foresterie de l'avenir », dit François Laliberté, président de l'Ordre des ingénieurs forestiers du Québec.