On les utilise déjà pour cartographier les terres ou inspecter les structures, mais les drones ont encore plus à offrir, et une poignée d'ingénieurs québécois y mettent du leur pour améliorer ces engins volants.

De son laboratoire du département de génie mécanique de l'Université de Sherbrooke, Alexis Lussier Desbiens fait partie du lot de ces experts en dronautique qui bidouillent des appareils sans pilote pour les améliorer.

Sa spécialité : faire atterrir les drones sur toutes les surfaces, même à la verticale !

Il a déjà conçu un petit avion qui s'agrippe aux murs de briques. Il espère maintenant mettre au point des appareils capables de se coller aux vitres.

« La durée de vol des drones est limitée par la perte de charge de leur batterie, indique le professeur Desbiens. En se collant aux murs, des drones pourraient se recharger ou continuer d'inspecter une structure en sollicitant moins les batteries. »

L'ingénieur travaille aussi sur une aile volante capable de se poser sur un lac, de se recharger grâce à ses panneaux solaires, puis de redécoller à la verticale. « On pourrait s'en servir dans le Nord pour suivre le développement des incendies de forêt », explique-t-il.

AUTOMATISATION

Mais s'il y a un mot pour caractériser la plupart des recherches dans le secteur de la dronautique, c'est bien « automatisation ». Les ingénieurs cherchent à réduire la place de l'humain dans les tâches que doivent réaliser les engins sans pilote pour qu'un jour ils fonctionnent de façon indépendante.

« Il faut amener les drones à mieux percevoir leur environnement. »

- Inna Sharf, professeure en génie mécanique à l'Université McGill

Son laboratoire y travaille d'ailleurs et se penche sur une problématique bien précise : améliorer la réaction d'un drone lorsqu'il subit un choc en plein vol, ou fait face à un vent soudain.

« C'est un aspect important, par exemple, pour les drones qui inspectent des structures », explique Mme Sharf.

Son groupe espère bientôt travailler sur l'automatisation de flottes de 50 à 60 appareils à la fois. Des drones appelés à réaliser des tâches précises, comme déplacer des colis à l'intérieur, voire à l'extérieur d'un centre de distribution.

Des drones de plus en plus autonomes, c'est justement ce sur quoi veut s'appuyer une autre entreprise montréalaise, Humanitas. Son objectif : améliorer la vitesse de réponse des secours lors de catastrophes, en utilisant notamment des flottes de drones.

Certains auront pour tâche de cartographier un lieu sinistré, ou de scruter des décombres, à la recherche de survivants. D'autres, d'agir comme antenne pour relayer les communications.

« Dans un environnement hostile comme celui d'une catastrophe, la vitesse de communication et la puissance de calcul sont des enjeux majeurs », explique Abdo Shabah, médecin et fondateur d'Humanitas.

Son entreprise, qui fait elle-même de la recherche et du développement, s'appuie aussi sur des partenariats universitaires et privés pour mener à bien son projet.

Photo fournie par Université de Sherbrooke

Alexis Desbiens Lussier, professeur Université de Sherbrooke