Trouver des solutions à des problèmes, telle est la force de quantité d'ingénieurs... et d'entrepreneurs. Pas surprenant que certains professionnels du génie décident de se lancer en affaires. Trois ingénieurs ont choisi de gérer les choses à leur façon en fondant une PME, loin des géants de l'industrie.

SIMON BOURQUE

Génio

Dans le domaine du génie civil et municipal, Génio offre un service plus personnalisé que les grands groupes, selon son président. « On n'est pas une corporation où le client se perd, en étant obligé d'appeler au Texas, à Montréal ou en Alberta pour avoir des réponses, dit Simon Bourque. Sur nos 18 employés, 12 sont avec nous depuis 10 ans. Les clients ont toujours les mêmes chargés de projets et les mêmes techniciens. Ça leur assure une meilleure rentabilité qu'en faisant affaire avec une firme où les échelons intermédiaires ne sont pas au courant des dossiers. »

Il affirme aussi que les clients sont prêts à payer davantage pour leurs services. « Sur un projet de 4 millions, si mon ingénieur optimise un design en sauvant 300 000 $ au client, celui-ci va accepter de payer 30 000 $ de plus pour nos honoraires. »

Décrit comme un « petit bureau » par la concurrence, Génio mise sur l'expertise de ses employés pour se démarquer. « L'an dernier, nous avons obtenu un gros contrat, alors que nous étions les cinquièmes parmi les plus bas soumissionnaires. Notre prix était près du plus bas, mais nos notes d'évaluation étaient très élevées et meilleures que celles des grands bureaux. »

GUILLAUME CHARLAND-ARCAND

ARA Robotique

Qui dit entreprise en démarrage dit généralement investissements majeurs. Mais quand le produit n'est pas encore sur le marché et que les profits sont des prédictions, comment avancer ? Devant ce paradoxe entrepreneurial, une solution a été trouvée par les dirigeants d'ARA Robotique, une entreprise spécialisée en robotique aérienne. « D'une part, nous fabriquons un produit très complexe, ce qui exige des gens de talent dans plusieurs disciplines, et ça, ça se paie, souligne Guillaume Charland-Arcand, ingénieur et cofondateur de la PME. D'autre part, on a besoin de revenus pour nous développer, alors que notre produit n'est pas lancé. Donc, depuis deux ans, on utilise notre expertise pour obtenir des contrats ici et là, afin de payer notre monde, qui continue le développement. »

Le défi est complexe, mais le jeu en vaut la chandelle. « En étant petit, on n'a pas encore la prestance d'un géant du secteur, alors on doit être créatifs et tout faire pour innover. Je pense aussi que les start-up attirent certains travailleurs qui veulent construire quelque chose, au lieu d'arriver dans un endroit où tout est déjà mis en place. »

PASCAL MARCEAU

Techno Pieux

La liberté d'action est chère aux yeux de Pascal Marceau, président de cette entreprise manufacturière de pieux vissés, qui assurent le support de propriétés résidentielles, commerciales et industrielles. « On peut commencer un projet de la base, en faire le design, la conception et la réalisation, sans avoir à rendre des comptes à plusieurs services, explique-t-il. La concentration des pouvoirs est très intéressante. »

Contrairement à certaines grandes entreprises, où une personne différente est responsable de chaque nouvelle étape, l'entrepreneur considère que sa PME est plus efficace auprès des clients. « Nos réponses sont beaucoup plus rapides et on peut agir sans trop d'embûches administratives. » Il ajoute que le développement de son entreprise est plus efficace et organique, puisque son directeur général et lui-même sont tous deux ingénieurs. « Nous sommes en constant processus de solution et le fait d'être une PME nous permet de cibler nos priorités et de pousser dans les directions où on se sent bien. On n'est pas pris dans un mécanisme de décentralisation, en attente de réponse. On reste proches des consommateurs et on peut modifier nos pratiques ou nos produits rapidement. On est seuls maîtres de notre destinée. »

Photo André Pichette, La Presse

Guillaume Charland-Arcand, présidente d'ARA Robotique

PHOTO FOURNIE PAR TECHNO PIEUX

Pascal Marceau, président de Techno Pieux