Certains programmes de génie attirent des masses d'étudiants, année après année. D'autres sont cycliques, comme le génie civil, alors que certains programmes arrivent difficilement à recruter suffisamment d'étudiants depuis plusieurs années même si les besoins du marché du travail sont au rendez-vous. Tour d'horizon.

1. Génie civil et construction

L'ÉTS accueille un véritable régiment d'étudiants en génie de la construction: ils étaient 200 nouveaux admis par année il y a cinq ans, ils sont 500 cette année. Or, depuis deux ans, le placement en stage est plus difficile puisque les projets sortent au compte-gouttes.

«Nous plaçons tout de même tous nos étudiants en stage, probablement parce qu'ils ont un diplôme collégial technique et sont rapidement opérationnels», explique Pierre Rivet, directeur, service de l'enseignement coopératif, ÉTS.

Pour placer tous ses étudiants en stage et éviter de surcharger le marché, l'Université de Sherbrooke (UdeS) limite pour sa part le nombre d'admis.

«Nous avons fixé la capacité d'accueil à 70 étudiants et nous recevons plus de 400 demandes par année», indique Patrik Doucet, doyen de la faculté de génie à l'UdeS.

À l'Université McGill, le programme est également très populaire et contingenté.

Polytechnique et Concordia ont eu près de 200 nouveaux étudiants cette année et à l'Université Laval, même si le baccalauréat en génie est encore le plus populaire, le nombre d'inscriptions a baissé à 166.

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La baisse du nombre de projets de génie civil a des conséquences sur le nombre de stages disponibles.

2. Génie informatique, génie logiciel et technologies de l'information

Depuis l'éclatement de la bulle technologique au début des années 2000, il était très difficile d'attirer des étudiants en génie informatique. Depuis trois ans, l'UdeS voit une amélioration.

«On a environ cinq offres de stage par étudiant maintenant, alors qu'on en avait six il y a quelques années», indique M. Doucet.

Même son de cloche à l'ÉTS dans ses programmes de génie logiciel et technologies de l'information.

«On a 300 nouveaux étudiants cette année alors que c'était 200 il y a deux ans, indique Pierre Rivet. C'est 50% de plus, mais avec le nombre d'offres de stage que nous recevons, nous pourrions avoir trois fois plus d'étudiants!»

Polytechnique Montréal a pour sa part vu une augmentation, en un an, de près de 60% des étudiants en génie logiciel et de 22% en génie informatique.

À l'Université Laval, la hausse d'inscriptions est de 37% en génie logiciel.

«Il y a de grands besoins dans les entreprises, les étudiants le sentent et s'inscrivent», indique André Darveau, doyen, faculté des sciences et de génie, Université Laval.

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Après l'éclatement de la bulle techno, il est devenu plus difficile d'attirer des étudiants.

3. Génie mécanique

Avec plus de 800 étudiants placés en stage cette année en génie mécanique, l'ÉTS n'arrive pas à répondre à la demande des entreprises qui lui ont envoyé 1700 offres.

L'Université Concordia a accueilli pour sa part environ 250 nouveaux étudiants en génie mécanique cette année, une croissance de 25%.

Polytechnique compte aussi plus de 200 nouveaux étudiants cette année.

«C'est notre programme le plus populaire et il a encore connu une croissance de popularité», affirme Yves Boudreault, directeur des études de premier cycle à Polytechnique.

D'autres universités refusent des candidats.

L'UdeS fixe la limite à 120 nouveaux étudiants par année même si, souvent, elle en accepte un peu plus parmi les 400 demandes environ qu'elle reçoit.

À l'Université McGill, le génie mécanique est aussi particulièrement populaire et contingenté. Pour y accéder, les étudiants doivent avoir de nombreux préalables et des notes élevées.

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Le programme de génie mécanique est l'un des plus populaires dans les universités québécoises.

4. Génie aérospatial

Polytechnique propose un baccalauréat en génie aérospatial depuis 2008 et il a accueilli 60 nouveaux étudiants cet automne; il est contingenté.

«Nous acceptons la crème de la crème», indique Yves Boudreault.

Plus d'occasions seront offertes aux étudiants intéressés par le secteur puisque Concordia vient tout juste de finaliser son baccalauréat en génie aérospatial.

«Nous attendons l'approbation du gouvernement du Québec et nous espérons pouvoir accueillir nos premiers étudiants l'automne prochain», affirme Christopher Trueman, doyen associé aux affaires académiques de la faculté de génie et d'informatique de l'Université Concordia.

Le programme comprendra un stage en différents volets dans une entreprise pour permettre à l'étudiant de s'y investir réellement.

«Il connaîtra très bien l'entreprise par la suite et pourra facilement être embauché s'il a su faire ses preuves», précise M. Trueman.

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Après Polytechnique, l'Université Concordia offrira un programme de génie aérospatial.

5. Génie électrique

L'Université du Québec en Outaouais (UQO) a lancé en septembre un baccalauréat en génie électrique.

«Nous avions comme objectif de recruter une dizaine d'étudiants et nous avons 15 inscrits», précise Gilles Mailloux, directeur par intérim des communications et du recrutement, UQO.

L'établissement avait déjà l'expertise à l'interne puisque plusieurs professeurs du département d'informatique et d'ingénierie avaient élaboré des axes de recherche dans le domaine.

«Puisque les perspectives d'emploi sont très bonnes, nous avons confiance de voir une croissance des effectifs», ajoute M. Mailloux.

D'ailleurs, si Polytechnique Montréal a vu un essoufflement de l'intérêt pour le programme de génie électrique dans les dernières années, cet automne, les nouveaux admis ont été en hausse de près de 30%.

L'Université McGill voit aussi un regain de popularité de son programme.

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Le profit du trimestre qui s'est terminé le 30 septembre a été de 319 millions, en baisse de 59 millions comparativement à la même période de 2012.

6. Génie chimique

L'UdeS remarque que le génie chimique est méconnu des jeunes, et son programme pourrait accueillir plus d'étudiants.

«On l'associe beaucoup à l'industrie pétrolière et plusieurs jeunes veulent s'en tenir loin, même si elle offre beaucoup d'emplois et de belles possibilités de carrière, remarque Patrik Doucet. Mais le génie chimique est associé à plusieurs éléments du quotidien et l'environnement est aussi au coeur du génie chimique avec la qualité de l'eau et la gestion de catastrophes naturelles.»

À McGill, le génie chimique est l'un des programmes les plus populaires.

Polytechnique a pour sa part vu une hausse de 50% des inscriptions en génie chimique et l'Université Laval, une augmentation de 53%.

«Nous réussissons à attirer environ 40% de filles dans ce programme, indique André Darveau. C'est bon parce que dans d'autres programmes comme génie mécanique, on a seulement 6-7% de filles.»

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Le génie chimique est encore méconnu des jeunes étudiants, selon l'Université de Sherbrooke.