Entre le Colisée vieux de 2000 ans et le stade olympique de Pékin, achevé en 2008, lequel évacue le plus rapidement la foule qui s'y presse? Steve Burrows, réputé ingénieur en structure et animateur de la série télévisée Time Scanners, a fait la comparaison virtuelle, à l'aide de simulations 3D, question de vérifier si les Anciens étaient de bons ingénieurs.

La réponse? «Les Romains étaient meilleurs», décrète-t-il. Dans le vieux Colisée, les escaliers des vomitoires - les voies d'évacuation - s'évasaient de l'intérieur vers l'extérieur, du haut vers le bas, pour éviter bouchons et bousculades.

Le résultat de la simulation est d'autant plus révélateur que Steve Burrows, à présent vice-président exécutif et directeur pour la division Bâtiment de WSP aux États-Unis, était l'ingénieur responsable de la construction du stade de Pékin, qu'il considère comme le zénith de sa carrière.

Dans le cadre de sa série Time Scanners, l'ingénieur a visité six monuments historiques dont il a analysé les prouesses techniques, parmi lesquels la grande pyramide, la cité inca de Machu Picchu et le Colisée. «On regarde les réalisations du passé et on pense que les anciens ingénieurs n'étaient pas si brillants. Mais ce n'est pas vrai. Ils n'avaient pas nos moyens modernes. Ils devaient être ingénieux.»

À un point où on ne sait toujours pas avec certitude comment la grande pyramide a été construite.

Apprendre du passé

Partout, Steve Burrows a été renversé par l'ingéniosité de ses lointains prédécesseurs. La construction de la cité inca de Machu Picchu, par exemple, bâtie sur un éperon rocheux en haute altitude, a été planifiée en fonction de son alimentation en eau potable par des sources canalisées. «Une brillante réalisation de génie hydraulique, commente-t-il. On ne ferait pas mieux de nos jours.»

La question sous-jacente: les ingénieurs d'aujourd'hui auraient-ils fait aussi bien avec les mêmes moyens?

Dans leurs défis contemporains, Steve Burrows les invite à avoir la même souplesse intellectuelle, la même ouverture aux expériences différentes et aux autres sphères de connaissances.

«Autrefois, les constructeurs apprenaient les uns des autres, il y avait une évolution d'une construction à l'autre. On ne fait plus ça de nos jours. À chaque projet son équipe, et il n'y a plus cette continuité dans l'apprentissage.»

Ce sont quelques-unes des réflexions que le Britannique était venu partager avec les étudiants en génie de l'Université McGill, en septembre dernier.

Sa visite des grands monuments architecturaux du passé lui a inspiré une réflexion sur la façon moderne de construire, explique-t-il dans les bureaux montréalais de WSP (ancien Genivar). «Ça m'a amené à détester ce machin collant qu'on met pour remplir tous les joints. On construit sans précision et on corrige avec du calfeutrant et du silicone. Ils ne faisaient pas ça, autrefois. Ils construisaient correctement dès le départ.»

Tout jeune, il n'avait aucun intérêt particulier pour le passé. «À l'école, comme la plupart des jeunes, je ne m'intéressais pas à l'histoire. J'ai réalisé depuis qu'il y avait tellement de choses à découvrir dans le monde. Chaque fois que j'observe quelque chose qui m'intrigue, j'apprends quelque chose de neuf.»

Sa vision de l'ingénierie a été bouleversée quand il a rencontré l'ingénieur civil suisse Jurg Conzett. «C'est la personne qui m'a le plus influencé», confie-t-il.

Pour la première fois, il comprenait que le passé pouvait s'allier au présent pour préparer l'avenir.

Dans sa ville de Coire, l'ingénieur helvétique lui a montré un petit pont routier construit en pierres, en aluminium et en acier inoxydable. «C'était magnifique, parfait, souligne Steve Burrows. Je n'aurais jamais pensé mélanger ces matériaux de cette manière. Il a changé mon approche de l'ingénierie, il m'a montré que d'autres voies étaient possibles. Je pouvais m'inspirer de la nature ou réapprendre comment les choses étaient faites autrefois.»

Sur le web: www.timescanners.com