Malgré les nombreux scandales et l'arrivée de nouvelles disciplines, le génie civil est toujours aussi populaire auprès des jeunes.

Le génie civil, l'une des plus anciennes spécialités du domaine, a toujours la cote auprès des jeunes, malgré la création, au cours des dernières années, de nouvelles spécialités plus technologiques comme le génie biomédical ou aérospatial.

«Au cours des deux dernières années, on note une augmentation de 30% du nombre de diplômés en génie civil. La moyenne se situe autour de 12% pour les autres disciplines», affirme Etienne Couture, président du Réseau des ingénieurs du Québec.

Même son de cloche du côté des universités. «Nous avons atteint un sommet historique cette année, avec quatre étudiants de plus que l'an passé. Les chiffres officiels de l'automne dernier font état de 999 étudiants inscrits au baccalauréat en génie civil», souligne Louise Millette, directrice du département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal.

Selon Mme Millette, le véritable creux dans la profession s'est plutôt fait sentir au tournant des années 2000. «À mon arrivée, en 2002, il n'y avait que 144 étudiants inscrits en génie civil», précise-t-elle.

«À cette époque, les étudiants privilégiaient effectivement les nouvelles disciplines plus technologiques, ajoute-t-elle. Mais comme il n'y a jamais qu'une seule cause à un problème, je crois aussi qu'on avait un peu oublié de faire la promotion du génie civil et d'informer les jeunes sur l'importance de la profession.»

Jean Proulx, directeur du département de génie civil et professeur titulaire à l'Université de Sherbrooke, souligne que la discipline a aussi changé. «Le génie civil a beau être une, sinon la plus vieille discipline de la profession, elle s'est quand même modernisée avec le temps. Le génie civil, c'est bien plus que l'asphalte et les trottoirs, même si on n'entend parler que de ça en ce moment. Plusieurs aspects de la profession sont maintenant très technologiques.» De 200 à 300 jeunes ont entrepris cette année des études en génie civil à l'Université de Sherbrooke, un programme contingenté.

Questionnée à propos des récents scandales qui ont éclaboussé la discipline, Louise Millette souligne qu'il est encore trop tôt pour évaluer l'impact qu'auront ces événements sur les inscriptions. «Mais lors de la journée d'accueil, plusieurs nouveaux étudiants avaient des questions sur le sujet. On sent que ça les préoccupe beaucoup», admet-elle.

«Mais je crois que les futurs étudiants savent faire la part des choses», nuance Jean Proulx. «On parle des agissements d'une poignée d'ingénieurs, pas de l'ensemble de la profession.»

La demande pour des ingénieurs civils est aussi en progression. «Avec tous les travaux en cours et toutes les infrastructures qu'il faudra refaire dans les prochaines années, la demande pour les ingénieurs civils devrait continuer à augmenter pendant quelques années», observe Etienne Couture.

«Il y aussi beaucoup de départs à la retraite», constate M. Proulx. Comme la discipline est l'une des plus vieilles, les premières générations d'ingénieurs quittent le marché du travail ou s'apprêtent à le faire.

D'après Statistique Canada, le profil d'âge des ingénieurs civils est plus élevé que celui de la moyenne de l'ensemble des ingénieurs. L'organisme gouvernemental évalue aussi que le génie civil est la discipline présentant le taux de remplacement le plus élevé.