La stratégie des multinationales pharmaceutiques de fermer des laboratoires de recherche et de les impartir a fait apparaître dans le paysage montréalais deux nouvelles entités.

NéoMed et le Consortium québécois sur la découverte du médicament (CQDM) sont les résultats directs de cette nouvelle stratégie. Le CQDM fête ses cinq ans alors que NéoMed a à peine un an d'existence.

La mission de NéoMed est de développer de nouvelles molécules thérapeutiques. Elle les trouve dans les universités et les conduit à leur maturité pour les offrir ensuite aux grandes sociétés pharmaceutiques.

«Nous sommes une organisation sans but lucratif, explique Max Fehlmann, président et chef de la direction de NéoMed. Notre but est d'identifier des projets prometteurs et d'en réduire les risques.»

Elle conduit ces projets naissants à un stade où les nouvelles molécules ont fait la preuve suffisante de leur potentiel thérapeutique chez l'humain. À ce stade, les firmes pharmaceutiques estiment généralement qu'elles peuvent investir dans la nouvelle molécule avec un risque d'échec relativement faible.

«Quand nous aurons transféré une molécule à une pharma, ajoute M. Fehlmann, nous en recevrons des paiements que nous investirons en entier dans d'autres projets prometteurs. Nous avons déjà quatre molécules en chemin. Trois d'entre elles proviennent des défunts laboratoires montréalais d'Astra Zeneca et une, la plus récente, annoncée en septembre dernier, de l'Université de Sherbrooke.»

NéoMed vise 20 projets dans les cinq premières années de son existence. Elle espère disposer d'un total de 77 millions de dollars pour mener l'opération à bon port. Actuellement, 36 millions sont dans les coffres, dont 8 millions de l'industrie et 28 millions du Québec. On attend un autre financement de 41 millions de la part du gouvernement fédéral et du secteur privé.

«Nous avons analysé notre 200e projet à la mi-novembre, dit-il. Quelque 24% d'entre eux viennent du Québec.»

D'autre part, l'Institut NéoMed est constitué des laboratoires hérités d'Astra Zeneca. Ces espaces sont loués à 14 entreprises ou organismes, dont le Regroupement en soins de santé personnalisés du Québec. Il reste de la place pour 10 autres locataires.

Le CQDM s'exporte

Le consortium québécois sur la découverte de médicaments (CQDM) entend faire de 2014 une année de partenariats avec des alliés hors Québec. Il est déjà engagé dans un projet qui s'est concrétisé en novembre dernier avec l'Ontario Centre of Excellence.

Diane Gosselin, présidente et directrice générale du CQDM, souligne que cette expansion géographique n'est qu'un début. L'an prochain, elle veut conclure des ententes de ce type avec la France, le Massachusetts, l'Alberta et la Colombie-Britannique.

«Nous savons que, partout dans le monde, des initiatives comme le CQDM apparaissent, constate Mme Gosselin. Nous devons créer des partenariats avec ces organismes pour continuer à prospérer et avoir accès aux meilleurs chercheurs mondiaux.»

Le CQDM finance la recherche québécoise portant non sur des molécules thérapeutiques, mais sur l'invention de nouveaux outils de découvertes biomédicales. L'initiative avec l'Ontario, nommée le Défi R-D dans le secteur biopharmaceutique, étend ce soutien financier à des projets émanant de chercheurs québécois ou ontariens.

Jusqu'ici, le CQDM a vu 80% des projets achevés, qu'il a financés, être adoptés par l'industrie comme outils de découverte. «Quand on voit qu'après avoir adopté le nouvel outil, les firmes pharmaceutiques continuent à investir dans le labo du chercheur, on peut parler d'une véritable adoption», souligne Diane Gosselin.