Fermeture en 2010 des labos montréalais de Merck et 200 emplois perdus; fermeture de ceux d'AstraZeneca et perte de 132 emplois d'ici un an; mise à pied de 100 personnes au siège social de Sanofi en janvier 2012; réduction de personnel de 126 employés chez Johnson&Johnson. Décidément, la grappe des sciences de la vie du Montréal métropolitain a pris une volée de boulets de plein fouet.

«Il est clair que l'argent des pharmas se déplace et va ailleurs que chez nous, dit Michelle Savoie, directrice générale de Montréal InVivo, la grappe des sciences de la vie. Et l'argent des pharmas se déplace pour deux raisons.

«D'abord, les coupures chez Astra et ailleurs reflètent des restrictions mondiales. Astra va supprimer 7300 emplois sur la planète. Nous en avons hélas notre part.

«Ensuite, les centres de recherche qui ferment, c'est le résultat d'une gestion nouvelle du processus de découverte par les pharmas, une politique du faire faire. Au lieu de faire toute la science fondamentale dans ses labos les pharmas vont en impartir une partie. Par exemple Glaxo a créé 38 unités de découverte relativement indépendantes, avec chacune leur budget et la capacité de l'investir extra-muros.

Dans le cas des coupes mondiales comme dans celui de l'impartition de la recherche, il s'agit de tendances lourdes dures à contrer.»

Que faire?

InVivo n'a pas l'intention de faire dans le fatalisme. «Si l'argent des pharmas doit se dépenser autrement à l'avenir, par des investissements dans la recherche universitaire et dans le travail des biotechs, il nous en faut notre juste part. Nous avons un sérieux travail de promotion de nos forces à faire.»

Ira-t-on jouer de la grosse caisse dans des congrès internationaux? «Ce que nous devons faire pour récolter de bons investissements pharmas en recherche, c'est de s'assurer que les sièges sociaux, les maisons mères des grandes pharmas, soient conscients de nos forces. Ça implique des rencontres aux plus hauts niveaux.»

Pour Michelle Savoie, afin que la manne financière à venir profite aussi aux biotechs montréalaises et québécoises, nous devons nous assurer d'avoir une pépinière véritable d'entreprises. «Il est temps que nous ayons, en plus de nos petites débutantes, des biotechs de taille moyenne.»

Pour 2012, le think tank de la grappe devra produire un plan d'attaque s'adressant spécifiquement au problème chronique de la vente à l'étranger de nos biotechs dès qu'elles commencent à faire leur preuve.

«Une biotech doit pouvoir passer de petite à moyenne taille et rester propriété québécoise ou canadienne. Des entreprises de taille moyenne sont parfois mieux placées pour recevoir les investissements éventuels des pharmas. Cette question devient une priorité stratégique cette année.»