La magie ne fait pas partie du monde des petites sociétés d'exploration minière qui rêvent de toucher l'or en fouillant le sous-sol québécois. Elles doivent d'abord pouvoir compter sur de bons « prospecteurs » de fonds, fait valoir Mario Bouchard, président de Ressources minières Radisson.

« Il ne faut pas croire que c'est un travail de tout repos, précise-t-il. Il faut cogner aux portes, insister et s'y prendre parfois à deux ou trois reprises avant qu'on puisse exposer notre dossier d'investissement. »

« Très souvent, ajoute-t-il, sur 10 gestionnaires sollicités, un seul d'entre eux va nous dire oui. On ne peut pas toujours frapper la longue balle, c'est comme au baseball ! »

BEAUCOUP D'ARGENT

Mario Bouchard, 62 ans, est un prospecteur de fonds. Son travail, c'est d'aller « chercher de l'argent ». Beaucoup d'argent. Du capital de risque, en fait.

À l'entendre, il réussit plutôt bien dans ce domaine.

Depuis avril dernier, il a réussi à convaincre des investisseurs individuels et des gestionnaires de portefeuille de Toronto d'injecter 3,3 millions dans la société minière junior.

« Je peux aller dans cette ville au moins huit fois par année, calcule-t-il. C'est là que ça se passe. Mais je me rends aussi à Vancouver, Edmonton, Calgary et Montréal, bien entendu. »

« Je consacre 80 % de mon temps à la recherche de capitaux. Ça prend beaucoup d'argent pour faire des travaux d'exploration, et il ne faut pas avoir peur de solliciter les gestionnaires de fonds d'investissement. »

- Mario Bouchard, président de Ressources minières Radisson

En septembre, il a passé une dizaine de jours sur le continent européen à faire la tournée des gestionnaires, à participer à des événements miniers à Londres, Zurich, Genève. Il lui arrive de se rendre à San Francisco également.

BEAUCOUP D'ARGUMENTS

Compte tenu du risque élevé que représente un investissement dans le secteur minier, il doit user d'arguments pour convaincre ses interlocuteurs. Et il concède que le but ultime à atteindre, c'est le rendement du capital investi.

« Mais pour cela, tient-il à préciser, il faut que nos résultats soient très bons. Il faut faire en sorte que les analystes nous suivent et voient que nous sommes dans la bonne direction. »

« Il faut comprendre que nous ne sommes pas en mesure de donner des garanties aux investisseurs, dit-il. Voilà pourquoi nous devons maintenir une bonne communication avec eux, pour qu'ils sachent où nous allons. »

En 15 ans, la petite compagnie minière a recueilli 12 millions de dollars. « Nous aurons besoin de 30 à 40 millions pour arriver à produire », envisage le président à propos du gisement d'or situé dans le secteur de la Faille-de-Cadillac, en Abitibi.

LA « BONNE RÉPUTATION » DU QUÉBEC

Son travail l'amène à rencontrer des gestionnaires et des analystes de marché qui lui font part de leur vision du Québec et des conditions d'investissement.

Et que pensent-ils de la filière minérale au Québec ?

« Nous avons bonne réputation, répond l'ex-conseiller en placement pendant 25 ans à la Financière Banque Nationale, à Rouyn-Noranda. On fait même des envieux ! »

Mais encore ?

« C'est vrai qu'il y a eu la révision de la Loi sur les mines, dit-il. Mais elle est maintenant viable, cette loi. Il y a des contraintes, bien entendu, mais il faut voir ce qui se fait ailleurs. Si vous allez en Australie ou en Amérique du Sud, vous en aurez, des contraintes. »

Mario Bouchard se montre par ailleurs satisfait du degré d'implication des fonds spécialisés québécois qui accompagnent les sociétés minières locales.

Il fait allusion, notamment, à l'implication du Fonds de solidarité FTQ et de la Caisse de dépôt et placement du Québec, avec son fonds minier Sodemex.

« Ça nous distingue là aussi de ce qui se fait ailleurs », conclut-il.

RESSOURCES MINIÈRES RADISSON EN BREF

Président : Mario Bouchard

Nombre d'employés : 3

Siège social : Rouyn-Noranda

Mission : acquisition, exploration et développement de propriétés minières

Année de fondation : 1985

Principale ressource : le projet O'Brien, recoupé par la Faille-de-Cadillac