Après 20 ans en Afrique, dont 17 au Burkina Faso, le producteur d'or Semafo s'impose comme l'exemple du succès minier québécois à l'international.

En 2002, Semafo a démarré la première mine d'or du Burkina Faso, la mine Mana. La société y entretient depuis ses débuts une relation fructueuse avec la population et le gouvernement.

Benoit Desormeaux, président et chef de la direction, a pris les rênes de Semafo en août 2012, après y avoir occupé successivement les postes de contrôleur et de chef de l'exploitation depuis 1997. Nous l'avons interrogé sur son entreprise.

Q

Quelle est la stratégie d'affaires de Semafo pour les prochaines années?

R

Pour nous, le chiffre de production d'or n'est pas ce qui importe le plus. Ce qui crée de la valeur pour une entreprise minière, c'est le flux de trésorerie que dégage chaque once d'or produite. Nous cherchons des gisements d'or qui rapportent un taux de rendement interne après impôt de 25%. Nous pensons aussi que l'exploration est le meilleur moyen d'obtenir ces onces rentables à exploiter.

Q

Où allez-vous trouver ces onces d'or de qualité? 

R

Notre propriété de 2000 km2 au Burkina Faso offre un immense potentiel d'exploration. Nous concentrons nos budgets d'exploration dans un rayon de 30 km de l'usine de traitement, mais nous tâtons le territoire au-delà de cette limite. Notre budget de 2014 est de 18 millions.

Q

Pourquoi le rapport annuel de Semafo met-il l'accent sur le gisement Siou?

R

Siou est situé à 15 km de notre mine Mina. Nous avons commencé à l'exploiter en 2014, 18 mois à peine après sa découverte. Avec du minerai de 5 grammes la tonne exploité à ciel ouvert, ça coûte moins de 400 US l'once à produire. Avec seulement 20 millions US d'investissements, nous avons accumulé 760 000 onces d'or de réserves minières prouvées, plus des ressources à plus faible teneur dans l'ordre du million d'onces.

Q

Avec une si belle découverte, comment expliquez-vous la chute du titre de Semafo plus prononcée que celle des autres producteurs d'or, entre 2010 et 2013?

R

Pour deux raisons, la première étant la baisse du prix de l'or. La deuxième est que le minerai d'or de Yaho et Fofina s'est avéré réfractaire (résistant aux méthodes traditionnelles d'extraction de l'or). Les deux gisements sont devenus non rentables à exploiter et nous avons perdu plus de 1 million d'onces de ressources. Nous avons été pris par surprise, et le marché boursier également. Cependant, si le prix de l'or devient suffisamment élevé, il est possible que ça redevienne rentable.

Q

Y a-t-il eu des pressions des actionnaires pour changer de stratégie, pour s'associer avec d'autres?

R

Pas du tout. Nous avons respecté nos prévisions de production au cours des six dernières années et les actionnaires le reconnaissent. Oui, ils ont eu des déceptions, mais ils nous accordent le mérite de bien fonctionner en Afrique et de découvrir de nouvelles onces d'or. On nous dit de continuer dans cette direction.

Q

Qu'advient-il de l'exploitation de Mana, votre principale mine?

R

On prévoit y investir 83 millions US en 2014, dont 9 millions pour se relier au réseau électricité du pays au lieu d'utiliser nos génératrices. Ainsi, le coût de l'énergie devrait baisser de 35 cents à 19 cents US le kWh. Nous prévoyons y produire entre 158 000 et 168 000 onces cette année.

Q

Quel est le secret de la bonne entente avec le gouvernement et la population du Burkino Faso?

R

D'abord, le fait d'être une entreprise francophone qui travaille dans un pays francophone, ça donne un avantage. Ensuite, il faut porter une attention particulière au respect des communautés et à leur développement. Nous investissons environ 2% des profits annuels à la Fondation Semafo. Cet organisme dirigé par un conseil d'administration indépendant est voué au développement des communautés. Finalement, nous avons pris soin de ne pas créer d'attentes exagérées dans la population et auprès des gouvernements: l'or est associé à la richesse et la croyance populaire est qu'on est tous couverts d'or.

Q

Cette recette ne semble pas avoir fonctionné en Guinée et au Niger. Pourquoi?

R

C'est uniquement une question de rentabilité et pas d'acceptabilité sociale. Ça faisait 10 ans qu'on exploitait ces mines, mais elles avaient atteint leur maturité.

Q

Semafo pourrait-elle venir faire de l'exploration au Québec?

R

Nous sommes très à l'aise en Afrique et nous continuerons à y travailler. Toutefois, notre mission ne se limite pas à ce continent. Si on trouve des projets intéressants, où que ce soit, on va les examiner.

Coup d'oeil sur Semafo

Valeur boursière: 1,1 milliard

Revenus en 2013: 226 millions US

Production d'or en 2014: 

entre 200 000 et 225 000 onces

Production d'or en 2013: 

158 000 onces

Coût d'exploitation tout inclus: 

moins de 890$ US l'once

Réserves prouvées et probables: 

2,3 millions d'onces

Dette: aucune, 

encaisse de 83 millions US

Flux monétaire prévu en 2014: 

60 millions US

Siège social: Saint-Laurent

Impact au Québec: 50 employés, 

plus de 16 millions d'achat 

de biens et services

Symbole boursier: SMF, TSX

Source: rapport annuel de Semafo

Burkina Faso

Population (2009): 15,7 millions

Produit intérieur brut (2007): 

7,14 milliards

Taux de croissance 2010: 9,2%

Langue: français