Pourra-t-on freiner longtemps l'achat par les Chinois des joyaux de l'industrie minière canadienne?

La question doit sûrement préoccuper les gens d'Industrie Canada.

Tout récemment, la société d'État China Minmetals Corporation a tenté d'acquérir Equinox Minerals, un des plus grands producteurs de cuivre du monde. Le groupe australo-canadien a son siège à Toronto.

Mais la société torontoise Barrick Gold s'est mise en travers de son chemin et a fait une offre supérieure. Plusieurs observateurs s'attendaient à une surenchère de la part des Chinois, mais elle n'est pas venue.

Il ne faut pas s'en étonner, dit Keith Spence, président de Global Mining Capital Corporation (GMCC). «Les Chinois n'aiment pas faire des offres hostiles et veulent éviter les guerres de prix», dit-il. Devant l'offre amicale de Barrick approuvée par la direction d'Equinox, Minmetals a préféré se retirer.

GMCC est un fonds d'investissement privé dont le capital est en grande partie d'origine chinoise. L'objectif du fonds est d'acheter des sociétés minières partout dans le monde, et de prendre des participations dans des sociétés d'exploration et d'exploitation.

Si Keith Spence n'est pas surpris du retrait de la société chinoise dans sa tentative d'achat d'Equinox, il sait qu'il n'en sera pas toujours ainsi. Jusqu'à maintenant, la Chine a plutôt concentré ses acquisitions en Afrique, en Australie, en Amérique latine et en Asie du Sud-Est.

Mais l'appétit des Chinois pour les métaux de base tels le cuivre, le zinc, le fer et la potasse est insatiable. Le Canada possède toutes ces ressources en abondance.

Industrie Canada s'est doté d'un processus d'examen des acquisitions étrangères. Mais tant que les transactions n'excèdent pas 300 millions, l'investissement n'est généralement pas considéré comme stratégique et ces transactions sont dans la plupart des cas autorisées.

«On se concentre actuellement sur ces transactions», dit Keith Spence. Or il existe encore plusieurs mines qui peuvent être achetées sans excéder ce prix.

L'inventaire d'investissements offerts pourrait éventuellement se tarir, mais pas l'appétit des Chinois. «Ils n'aiment peut-être pas les offres hostiles ou les guerres de prix, mais un jour, ils pourraient bien ne plus avoir le choix», dit Keith Spence.