La demande de métaux par la Chine est telle que les prix ne cessent de grimper. Conséquence: l'offre pour plusieurs d'entre eux est nettement insuffisante, notamment pour le fer. Et cette demande se maintiendra encore au moins trois à cinq ans, estime Chris Twigge-Molecey, président de l'Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole (ICM).

En entrevue à La Presse, tout juste avant de quitter le Canada pour un séjour en Chine, M. Twigge-Molecey a insisté sur cette occasion unique offerte à l'industrie minière canadienne. Le développement des infrastructures chinoises est l'équivalent de bâtir, en un an, cinq fois la ville de Montréal, évalue M. Twigge-Molecey.

La soif insatiable des Chinois pour les minerais et la montée importante des prix les poussent à acheter les entreprises minières. Cela devient un élément important de la dynamique de la progression du secteur minier à bien des endroits, dit M. Twigge-Molecey.

L'achat de sociétés par les Chinois permet, à court terme, de maintenir les emplois et même d'en créer de nouveaux. Mais à plus long terme, toute la transformation pourrait se faire en Chine, ce qui nuira au développement dans plusieurs pays, dont le Canada.

C'est pourquoi l'Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole favorise le dialogue afin de s'entendre avec les Chinois sur différents aspects de l'industrie minière.

À cet égard, l'Institut et la China Nonferrous Metals Industry ont récemment signé un mémorandum d'ententes afin de créer ensemble des projets et d'établir les meilleures pratiques en matière de santé et sécurité, de normalisation, d'environnement, d'efficacité énergétique et de recyclage.

«Le langage du mémorandum est modeste, mais nous venons de franchir une frontière importante, dit le président de l'Institut. Nous désirons d'abord évaluer comment nous réussirons à travailler ensemble.»

L'emploi et le financement

Pour répondre à la demande, il faudra aussi plusieurs initiatives au chapitre de l'emploi et du financement.

La reprise économique amorcée l'an dernier a entraîné l'industrie minière canadienne dans une croissance rapide. Mais il lui faudra trouver 100 000 travailleurs qualifiés au cours des 5 prochaines années.

Un élément de solution sera de développer les habiletés et les capacités des populations locales vivant dans les régions du Nord. «C'est là que se passe une grande partie de l'activité minière, dit le président de l'Institut canadien des mines Il faut développer l'expertise des populations locales, mais il s'agit là d'un processus long et difficile», ajoute-t-il.

Quant au financement, plusieurs compagnies «juniors» du secteur minier ont de la difficulté à obtenir le financement adéquat et il faudra trouver une solution à ce problème, ajoute M. Twigge-Molecey.

À la suite de la crise financière de 2008, les banques partout dans le monde, y compris les banques canadiennes, hésitent à accorder des crédits aux industries plus à risque. Elles ont préféré jouer de prudence et regarnir leur réserve.

Au Québec

Le Québec n'échappe pas au boom du secteur minier.

Après de longues années à se préparer et à gérer les questions environnementales, la Corporation Minière Osisko a coulé son premier lingot d'or à la mine Canadian Malartic le 13 avril, rapporte Hélène Thibault, porte-parole de la société. L'objectif est de produire plus de 10 millions d'onces d'or sur une période de 15 ans. La mine emploiera 450 personnes à temps plein.

Cela arrive au bon moment, car les producteurs d'or font présentement de vraies affaires... d'or.

Barrick Gold a vu ses bénéfices du dernier trimestre excéder le milliard. Quant à Agnico-Eagle, ses profits ont doublé au dernier trimestre.

L'activité est fébrile également chez plusieurs sociétés minières importantes tels le géant Arcelor Mittal, New Millenium et Mines Richmond. Partout, on veut augmenter les capacités de production et d'exploration.

Ce n'est pas un hasard si le Québec est un endroit propice pour l'industrie minière, explique Garth Kirkham, président de Kirkham Geosystems.

C'est qu'en plus de ses gisements, il offre aux investisseurs un accès facile à l'électricité qui a pour effet de réduire les coûts d'exploitation, ainsi que des incitatifs fiscaux parmi les plus avantageux au Canada. «C'est au Québec que les investisseurs peuvent obtenir le meilleur rendement de leur capital», dit-il.