La rue De La Gauchetière, au centre-ville de Montréal, retient l'attention des investisseurs immobiliers ces jours-ci. Pas moins de trois gratte-ciel sont sur le marché, soit les immeubles du 600, du 700 et du 1000, rue De La Gauchetière. Des transactions pourraient se conclure rapidement, croient les spécialistes.

« Il y a beaucoup d'argent disponible pour le secteur immobilier », dit Jean Laurin, président de Devencore, agence ayant obtenu le mandat de vendre le 600, rue De La Gauchetière, actuel siège social de la Banque Nationale. La banque a annoncé plus tôt cette année la construction de son futur siège social au 800, rue Saint-Jacques, à l'angle du boulevard Robert-Bourassa pour 2022 ou 2023. « Il y a de l'intérêt pour l'immobilier en général et il y a de l'intérêt pour le 600 ; de l'intérêt local et en provenance d'acteurs de l'extérieur. »

La Presse s'est entretenue avec M. Laurin dans le cadre de la publication de la plus récente analyse de marché de Devencore couvrant les bureaux du centre-ville montréalais. Le document indique que le centre-ville s'apprête à vivre de profonds changements, en dépit de l'apparente tranquillité.

Peu de grands édifices à bureaux de catégorie A

Le taux de disponibilité, une mesure établissant le pourcentage de locaux vacants ou offerts en location sur le total des locaux, a légèrement remonté, à 12,5 %. Un marché équilibré se caractérise par un taux autour des 10 %. Le loyer brut moyen a reculé à 34,42 $ le pied carré. Rien d'excitant de prime abord.

« Il y a une grande demande, mais peu d'inventaire pour les grands blocs de bureaux de catégorie A [les meilleurs bureaux de facture plus moderne et récente que les immeubles de catégorie B], dans le coeur du centre-ville », souligne l'étude. Selon M. Laurin, la rareté de grands blocs de bureaux contigus est l'un des signaux précurseurs d'un resserrement de marché. 

« Montréal sera bientôt un marché favorable aux propriétaires. »

- Devencore, dans son étude

Aidé par la vitalité de l'économie, le centre-ville a été actif depuis le début de 2018. La superficie occupée a augmenté de 400 000 pi2 durant la première moitié de l'année. Le centre-ville connaît une excellente année quand l'absorption positive atteint les 750 000 pi2.

Des locataires d'envergure s'apprêtent d'ailleurs à faire leurs boîtes. La compagnie d'assurances Croix Bleue quittera la rue Sherbrooke, angle Union, après une résidence de 40 ans pour aller occuper 120 000 pi2 au 1981, avenue McGill College. Le consortium NouvLR, responsable de la construction du Réseau express métropolitain, s'est installé au 1140, boulevard De Maisonneuve Ouest (95 000 pi2).

« Les entreprises voient l'avenir de manière favorable et prennent des décisions visant à améliorer leur sort, à prendre de l'expansion et à créer des environnements de travail plus dynamiques qui favorisent la productivité de l'organisation », observe M. Laurin.

Conflit, puis réconciliation

Pour ce qui est des deux autres tours sur le marché, le 700, rue De La Gauchetière est sous contrat. Il ne resterait plus à l'acheteur qu'à terminer son processus de vérification préalable à l'achat. Cette tour, appartenant à la Fiducie de placement immobilier de bureaux Dream, est mise en vente par l'agence CBRE. Celle-ci n'a pas fait de commentaires. Ses principaux locataires sont les actuaires Aon, Hydro-Québec, la Banque Nationale et l'Autorité régionale de transport métropolitain.

Érigé en 1983, le 700 compte 28 étages. Le bâtiment est relié par des passages à la tour de la Banque Nationale, au 600, rue De La Gauchetière, construit simultanément et oeuvre de la même architecte, Sylvia Gottwald-Thapar. Durant leurs premières années d'existence, les deux structures formaient le complexe Bell-Banque, du nom de leurs principaux locataires, Bell Canada pour le 700 et Banque Nationale pour le 600.

Finalement, le 1000, rue De La Gauchetière, de 51 étages, appartient à Ivanhoé Cambridge. Sa mise en vente a connu des péripéties, car la Caisse et l'archevêché de Montréal, propriétaire du terrain, ne sont pas parvenus à s'entendre au sujet de l'emphytéose. Depuis, le pouvoir financier s'est réconcilié avec le pouvoir religieux. Un dénouement heureux est attendu prochainement.