Les grands immeubles commerciaux occupent de nouveaux secteurs de la métropole. Les lofts industriels changent de vocation. Les entrepreneurs prêchent plus que jamais pour l'environnement. Les centres commerciaux se réinventent. Bref, l'immobilier commercial de Montréal est en mouvance.

Depuis des années, une inquiétude plane au sujet des entreprises qui déserteraient les espaces à bureaux du centre-ville au profit des immeubles moins chers de la banlieue. Il s'agit pourtant d'une fausse peur. «L'expansion du marché des édifices à bureaux en banlieue est causée par la croissance des entreprises locales, et non par la délocalisation du centre-ville montréalais vers la banlieue, note Marie-France Benoit, directrice du développement chez Altus InSite. Même si les entreprises du centre-ville y installent des bureaux satellites ou des centres de soutien administratif [back-office], elles ont besoin d'une adresse de prestige à Montréal.»

Jacques-Yves Bouchard, chef d'équipe en intelligence de marché chez Colliers International, ajoute que plusieurs travailleurs de la génération Y préfèrent habiter la métropole. «La majorité des Y veut vivre sans voiture à Montréal. Avec la crise de main-d'oeuvre, les entreprises sont prêtes à payer davantage pour des bureaux afin de les attirer.»

Reconversion

Le mouvement de reconversion de lofts industriels en bureaux attire d'ailleurs de nombreuses compagnies. «Comme Montréal a perdu sa base manufacturière au profit des pays asiatiques, on se retrouve avec un grand stock de lofts de plusieurs étages qui sont très bien situés, observe M. Bouchard. Ils sont graduellement transformés en bureaux ou en lofts résidentiels.»

Montréal mise donc plus que jamais sur le changement de vocation et la construction d'immeubles. «Depuis 2004, on a converti près de 4 millions de pieds carrés de lofts industriels en bureaux, en ateliers et en condos, précise Marie-France Benoit. En ce qui concerne les constructions neuves, 18 projets sont en cours dans la région métropolitaine, totalisant 2,6 millions de pieds carrés. Dont près de 1 million au centre-ville.»

Mme Benoit remarque également que les projets immobiliers ne se limitent pas au quartier des affaires. «Le développement de Griffintown, du Quartier de l'innovation et du Quartier des spectacles offre de nouvelles options aux entreprises. On note aussi que plusieurs start-up s'installent dans ce que j'appelle le midtown, qui inclut entre autres le Mile End, Ahuntsic et le Sud-Ouest.»

Lorsqu'il est question de nouvelles constructions, les immeubles verts (LEED ou équivalent) sont de mise. Bien qu'il en coûte un peu plus cher lors de la construction, les promoteurs prévoient les économies engendrées par de telles mesures. «Le phénomène est trop récent pour qu'on sache combien d'années sont nécessaires pour amortir l'investissement supplémentaire au départ, mais il y a consensus pour dire que ça vaut le coup, lance Mme Benoit. Plusieurs locataires ne déménageraient jamais dans un immeuble qui n'est pas certifié LEED ou l'équivalent. Comme les propriétaires semblent anticiper une augmentation des coûts d'énergie, ils se préparent en conséquence.»