Le nouveau tracé de l'autoroute 30 n'attire pas que des automobilistes dans son sillon. Des entreprises et des commerces ont commencé à s'installer en bordure de la voie rapide. Et le phénomène s'accentue.

Début 2010, la multinationale Cascades a implanté son nouveau centre de distribution sur le boulevard Matte à Brossard. C'est la présence de l'autoroute 30, à quelques kilomètres de là, qui a convaincu l'entreprise d'emménager dans l'ancienne usine Manson. Quelque 240 000 pieds carrés sur un terrain de deux millions.

«Nos camions n'ont plus à passer par Montréal et nous sommes maintenant situés assez près de l'autoroute pour utiliser des trains routiers», explique le directeur général de Cascades Transport inc., Jean-Yves Delisle. C'est que le ministère des Transports du Québec interdit aux trains routiers, des camions qui tirent deux remorques à la fois, de rouler sur plus de quelques kilomètres en dehors des autoroutes.

Contourner le trafic

Le long du tracé de la 30, plusieurs entreprises ont été séduites par cette facilitation du transport de marchandises que leur amènera la voie rapide dont le parachèvement est prévu pour 2012. Les nouveaux bâtiments commerciaux poussent un peu partout. Ailleurs, des rénovations sont en cours. Chez Cascades, par exemple, on envisage un agrandissement majeur. «On est en train d'évaluer ça», dit M Delisle.

«En ce moment, des milliers de camions doivent traverser le pont Champlain, note le porte-parole de la Chambre de commerce et d'industrie de la Rive-Sud, Francis Villeneuve. Ils pourront bientôt contourner la ville. C'est très séducteur. Ça va attirer du monde», dit-il.

Combien? Difficile à dire, répond le Directeur général de la Table des préfets et élus de la Couronne Sud, Sébastien Gagnon. «On sent que ça s'en vient, mais on n'a pas encore de prévisions concrètes. On aura une meilleure idée en 2012.»

«C'est sur qu'il va y avoir du développement. On reçoit déjà plus de demandes qu'avant», ajoute le directeur du développement durable de la ville de Châteauguay, Alain Desjardins, qui verra la nouvelle 30 passer pratiquement dans sa cour. «Mais pour attirer des promoteurs, il faut plus qu'une route. Il faut aussi développer d'autres facettes comme les infrastructures ou les télécommunications.»

C'est parti

Une chose est sûre, la migration est déjà commencée.

Ainsi, après le désormais célèbre Quartier Dix30, un autre développement portera le nom de l'autoroute en construction. La ville de Salaberry-de-Valleyfield sera l'hôte d'un tout nouveau parc industriel baptisé 30-530 et situé au carrefour des routes éponymes.

Pour attirer des promoteurs, la municipalité mise, sans surprise, sur la proximité des voix rapide et sur l'accessibilité de son nouveau parc industriel. «À la porte d'entrée du pont qui reliera Salaberry-de-Valleyfield à la région de Vaudreuil-Soulanges (...) la nouvelle autoroute 30 permettra un accès facile à la Rive-Sud de Montréal en moins de 30 minutes», vante-t-elle sur son site web.

À Mercier, la société immobilière Ivanhoé Cambridge attend pour sa part le feu vert pour construire un centre commercial à thématique agricole en bordure de là où la 30 est en voie d'être prolongée. Comme le terrain convoité est zoné agricole, la Commission de protection du territoire agricole du Québec a été appelée à se prononcer.

Dans la ville voisine de Châteauguay, l'entreprise Westcliff, propriétaire du Carrefour Angrignon à Montréal et du Carrefour du Nord à St-Jérôme, planche aussi sur un projet de centre commercial. Ici encore, c'est la voie rapide qui a attiré le promoteur. Le projet d'une valeur de quelque 100 M$, inspiré du concept Dix30, sera construit près de l'Hôpital Anna-Laberge, le long de l'autoroute.

«Ils sont propriétaires du terrain depuis 1987, mais ils attendaient la 30. Ils pourront profiter de l'achalandage», dit Alain Desjardins, directeur du développement durable de la ville.

Les premiers commerces devraient ouvrir leurs portes en janvier 2013, soit au même moment que deviendra accessible ce tronçon de l'autoroute.