Le monde change et l'univers de la gestion privée n'y échappe pas. Nouvelles technologies, clientèles plus diversifiées et besoins plus complexes changent la donne. Voici six tendances à avoir à l'oeil dans les prochaines années.

TECHNOLOGIES

Si les conseils continuent d'avoir une grande importance compte tenu de la complexité de la situation financière de certains clients, les entreprises de nouvelles technologies financières (fintech) font aussi leur entrée en gestion privée. « Les gens recherchent aussi la facilité de transiger, note Éric Bujold, président de Gestion privée 1859. De plus en plus, il y aura des applications mobiles efficaces et nous investissons beaucoup là-dedans. Les gens peuvent ainsi avoir accès à leur compte, faire certaines transactions, etc. L'un ne remplace pas l'autre. » Les conseillers ont également accès à de nouveaux outils technologiques et le travail se fait de plus en plus sans papier, électroniquement.

BLOCKCHAIN

Une autre innovation technologique poussera les entreprises à modifier leurs façons de faire en gestion privée : le blockchain. C'est une immense base de données pour échanger de l'information où tous les utilisateurs possèdent une copie des échanges. Il en résulte un grand livre de comptes public et infalsifiable.

« Cela permettra des échanges sans intermédiaires, souligne Sylvain Tremblay, vice-président, gestion privée chez Optimum Gestion de placements. L'avantage, c'est que ça va coûter beaucoup moins cher. Actuellement, nous payons beaucoup d'argent en commission. Si on était capable d'acheter nos titres par le blockchain, nos clients pourraient en bénéficier. »

CLIENTÈLE DIFFÉRENTE

Auparavant constituée d'hommes fortunés, la clientèle de la gestion privée se féminise de plus en plus. « La femme n'est plus là comme conjointe, mais comme personne en affaires ou comme professionnelle, indique Sylvain Thériault, vice-président et directeur général de Gestion privée Desjardins. C'est une approche un peu différente, certaines préoccupations peuvent différer. »

Les familles recomposées sont aussi beaucoup plus fréquentes qu'avant. « Cela rend le transfert générationnel beaucoup plus complexe, indique M. Thériault. Souvent, on a besoin d'un trust corporatif pour être sûr que la volonté des gens soit respectée et qu'ils aient une paix d'esprit. »

TRANSFERTS INTERGÉNÉRATIONNELS

La population vieillit et les gens aisés n'y échappent pas. Ils doivent donc planifier soigneusement l'avenir. « On parle d'un transfert de plusieurs dizaines de milliards d'une génération à l'autre au Québec dans les prochaines années », signale M. Tremblay.

« Les baby-boomers de Québec inc. ont eu du succès et maintenant, il faut trouver la manière de passer l'entreprise à la prochaine génération, la vendre à d'autres entrepreneurs ou transférer leur richesse, ajoute M. Bujold. Les transferts intergénérationnels vont être extrêmement importants dans les prochaines décennies. »

CAPITAL-INVESTISSEMENT

« Les grandes familles aisées veulent de plus en plus investir dans les entreprises plutôt que dans les marchés boursiers traditionnels, constate M. Bujold. C'est une classe d'actifs payante et diversifiée. » Dans certains cas, il s'agit d'une manière de transmettre des investissements ou même une entreprise à la prochaine génération, explique-t-il.

Certains entrepreneurs le font également dans le but d'encourager la relève entrepreneuriale. « La communauté des affaires au Québec et au Canada veut faire des affaires, se regrouper pour investir et créer un dynamisme, indique-t-il. Ça aussi, c'est une grande tendance. »

ÉLARGIR L'OFFRE DE SERVICE

Les institutions et les différentes firmes en gestion privée élargissent de plus en plus leur offre de services. « À la base, la gestion privée, c'est de la gestion de portefeuilles privés par opposition à gestion de portefeuille institutionnel », indique M. Tremblay. Au fil du temps, plusieurs ont ajouté différents services liés à la planification financière et l'offre de service continue de s'élargir. « Des firmes deviennent maintenant des family offices, un concept plus répandu aux États-Unis », constate M. Tremblay. Il s'agit de prendre en charge d'autres aspects comme la gestion des résidences et du parc automobile, par exemple.

Photo David Boily, La Presse

Sylvain Tremblay, vice-président, gestion privée chez Optimum Gestion de placements et président du conseil d'administration de l'Institut québécois de la planification financière

PHOTO SIMON GIROUX, ARCHIVES LA PRESSE

Éric Bujold, président de Gestion privée 1859