Bien que l'économie n'ait pas retrouvé le rythme de croisière d'avant la crise, les marchés boursiers ont recréé à peu près toute la valeur que la crise financière de 2008 avait effacée. Imaginez ce que ce serait si l'économie retrouvait un taux de croissance de 3 à 3,5%.

La crise financière a fait tomber l'économie mondiale dans sa pire récession depuis la grande dépression des années 30. Pas étonnant que, dans un tel contexte, les Bourses se soient écroulées et aient perdu, dans bien des cas, plus de 50% de leur valeur.

Mais si les Bourses ont récupéré totalement, ce n'est pas encore le cas des économies. Aux États-Unis, par exemple, le taux de croissance de l'économie est actuellement d'environ 2%. «Ce n'est pas assez pour créer suffisamment d'emplois et rétablir la confiance qui a été durement affectée», indique Martin Lefebvre, vice-président, stratégie de placement et répartition de l'actif, à la Banque Nationale.

Du côté de l'Europe, la partie ne semble pas encore gagnée, et on est toujours aux prises avec une sérieuse crise d'endettement. Quant aux économies émergentes, on ne perçoit pas encore de leadership de leur part.

Ce sont les gouvernements et les banques centrales, autant en Amérique du Nord qu'en Europe, qui ont permis de relancer les économies par la mise en place de mesures expansionnistes d'une ampleur jamais vue auparavant. Et par ricochet, elles ont également permis aux actifs plus risqués, comme les actions, de s'apprécier de façon significative.

Si les cours boursiers se sont redressés plus rapidement que l'économie et les profits des corporations, c'est grâce à une expansion des multiples, comme le ratio cours/bénéfices. Par exemple, l'indice S&P 500, qui se négociait il y quelques années à 12 ou 13 fois les bénéfices escomptés, vaut aujourd'hui de 15 à 16 fois les bénéfices prévus pour les 12 prochains mois.

Ce phénomène est tout à fait naturel, selon Martin Lefebvre. Le début d'un cycle économique entraîne généralement cette expansion des multiples. Puis, un nouveau cycle de dépenses d'investissement suit, ce qui permet une hausse du taux de croissance économique et une amélioration des bénéfices des sociétés.

C'est ce que nous devrions connaître en 2014. «Si l'on croit un tant soit peu que l'économie puisse retrouver un taux de croissance de 3% et plus, on peut espérer que le marché boursier poursuivra sa marche vers de nouveaux sommets», explique M. Lefebvre.

De plus, comme les taux d'intérêt sont très bas et qu'il faudra encore probablement un bon moment avant qu'ils ne remontent de façon significative, les investisseurs continueront de préférer les actions aux obligations.

À savoir si l'on a repris le dessus à la suite de la crise, comme plusieurs se le demandent, il semble bien que la réponse soit oui.

L'investissement socialement responsable (ISR)

Avons-nous aussi tiré les leçons nécessaires pour qu'une telle crise ne se reproduise pas de sitôt? «À constater le développement de l'investissement socialement responsable, il est permis de le croire», répond Rosalie Vendette, conseillère principale en investissement socialement responsable chez Desjardins. «Il s'agit là de l'une des pistes de solutions les plus intéressantes pour éviter que de nouvelles crises semblables à celle de 2008 se reproduisent», ajoute-t-elle.

L'investissement socialement responsable consiste à tenir compte, dans le choix de ses investissements, des questions environnementales, sociales et de gouvernance d'entreprise (ESG).

L'adoption des principes de l'investissement socialement responsable permet un rapprochement entre la logique de l'entreprise et celle de l'investisseur. «Pour l'investisseur, la vision à court terme qui guide trop souvent les entreprises constitue un obstacle», dit Mme Vendette. La logique des investisseurs en est une de long terme.

Les principes de l'investissement socialement responsable - Principles for Responsible Investment mieux connus sous l'acronyme PRI - ont été établis par l'Organisation des Nations unies, grâce à la participation de 20 organismes d'investissement répartis dans 12 pays. Adoptés et lancés peu avant l'éclatement de la crise financière, ces principes gagnent beaucoup d'adeptes depuis la crise, même chez nous. «Chez Desjardins, ces investissements touchent maintenant 13% de nos membres et clients, et cette croissance s'inscrit dans un contexte mondial de conscientisation», souligne Mme Vendette.

Entre 2009 et 2011, les actifs sous gestion en ISR ont connu une croissance de l'ordre de 22% aux États-Unis, et de 17% en Europe. Au Canada, les actifs sous gestion ont crû de 16% entre 2010 et 2011.

Les adhérents aux principes de l'investissement socialement responsable estiment toutefois que tout n'a pas encore été fait pour prévenir d'autres crises. «C'est pourquoi le réseau international des PRI, dont Desjardins fait partie, s'est donné comme thématique de recherche des prochaines années les marchés financiers durables», indique la conseillère de Desjardins.