Qui sont les fraudeurs ? Ils viennent de l'externe comme de l'interne. Ce sont des employés, des fournisseurs, des clients... Mais très souvent, les fraudes sont commises par des dirigeants. Et quand ils volent, ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère.

Employés subalternes

Les employés commettent environ 40 % des fraudes à l'interne, apprend-on dans un sondage mené chaque année par PricewaterhouseCoopers (PwC). Il s'agit là d'un chiffre peu élevé compte tenu de la proportion d'employés subalternes dans une entreprise, rappelle Dominic Peltier-Rivest, professeur spécialisé dans la prévention et la détection de la fraude à l'Université Concordia.

Parmi les cas de fraude typiques : le vol ou le détournement d'actifs, la surestimation des heures de travail ou la sous-estimation des heures de vacances. Généralement assez surveillés, les employés s'en tiendront à des fraudes de plus petite envergure. La perte médiane de ces fraudes équivaut à « seulement » 60 000 $, révèle une étude de l'Association of Certified Fraud Examiners (ACFE).

Les dirigeants intermédiaires

Une autre tranche de 40 % des fraudes à l'interne est commise par des superviseurs ou des dirigeants intermédiaires. La perte médiane de ces fraudes équivaut à 182 000 $, soit trois fois les pertes causées par les employés fraudeurs. Il faut dire que les dirigeants intermédiaires ont « plus de flexibilité, moins de supervision, et connaissent les faiblesses du contrôle interne », résume le professeur Peltier-Rivest.

Le dirigeant intermédiaire pourrait par exemple recevoir des pots-de-vin ou faire de la fausse facturation avec la complicité d'une entreprise coquille, stratagème maintes fois mis au jour par la commission Charbonneau.

La haute direction

Les fraudes commises par la haute direction - environ 20 % - sont particulièrement coûteuses pour l'entreprise. La perte médiane associée équivaut à 573 000 $. Comme les dirigeants intermédiaires, la haute direction est moins surveillée et connaît les faiblesses du contrôle interne. Comment s'y prend-elle ? En faisant de fausses factures ou en gonflant les revenus, par exemple. La corruption est aussi un stratagème privilégié autant par les dirigeants intermédiaires que supérieurs. Au Canada comme aux États-Unis, le tiers des cas de fraude comprend un élément de corruption, rappelle le professeur Peltier-Rivest.

Le fournisseur

PwC estime qu'environ 40 % des cas de fraude proviennent de l'externe. Parmi cette catégorie de fraudeurs, on retrouve les fournisseurs. Par exemple, dans un cas de corruption, ils pourraient tenter d'obtenir un contrat par l'entremise de pots-de-vin versés à des dirigeants. La collusion coûte cher, soit environ 250 000 $ en perte médiane.

Le fournisseur n'a d'ailleurs pas toujours un complice : il peut frauder seul en faisant de la surfacturation à une entreprise, qui se retrouve victime.

Les clients

Outre les fournisseurs, les auteurs de fraude de l'extérieur sont souvent des clients. Certains secteurs sont plus à risque : la vente au détail, les banques, les compagnies d'assurance, les télécommunications. « Ce sont ces secteurs, qui ont beaucoup de clients, qui biaisent les statistiques interne/externe », affirme Marie-Chantal Dréau, associée chez PwC. Le secteur financier, par exemple, même s'il est très contrôlé, a tant de clients qu'il est beaucoup plus susceptible d'être fraudé par une personne externe qu'à l'interne, ajoute-t-elle.

Parmi les types de fraudes de clients : la fausse réclamation d'assurance, la fausse demande de prêt auprès d'une banque ou le vol à l'étalage.