En dépit des avertissements qui leur sont lancés, les dirigeants d'entreprises demeurent réticents à se doter d'un plan de gestion pour enrayer les fraudes, déplore le professeur de criminalité à l'Université de Sherbrooke, Messaoud Abda.

«Dans nos entreprises, on a tendance à croire, à tort, que la fraude, c'est pour les autres, précise le directeur du programme de lutte contre la criminalité financière. L'ennui, c'est que la fraude, ça n'arrive pas que dans la cour du voisin», précise le spécialiste.

Il ajoute: «Les entrepreneurs ne sont pas encore prêts à mettre les ressources et les budgets nécessaires pour rendre plus étanches leurs pratiques de facturation et d'approbations. Ils savent qu'il y a des risques, mais ils font comme s'ils n'étaient pas exposés».

Résultat: selon ce qu'il voit et entend, les chefs d'entreprise sont souvent désarçonnés lorsqu'ils sont mis au courant qu'un fraudeur sévit dans leur entreprise. Parfois, le fraudeur occupe un poste-clé au sein de l'entreprise...

Il croit que la Commission Charbonneau va rendre les fraudeurs potentiels plus méfiants et plus prudents. «Mais attention: les fraudeurs apprennent vite de leurs erreurs. Il faut s'attendre à ce qu'ils se fassent plus discrets et moins visibles, pour qu'on les oublie momentanément.»