Les révélations devant la commission Charbonneau vont-elles rendre les chefs d'entreprise plus prudents devant les fraudeurs et ceux qui tirent les ficelles de la corruption et de la collusion?

«On observe déjà des changements de comportement, avance le professeur Dominic Peltier-Rivest, professeur spécialisé dans la prévention et la détection de la fraude à l'École de commerce John-Molson de l'Université Concordia. Les entrepreneurs sont sur le qui-vive. Par exemple, certains évitent maintenant de faire des cadeaux pour espérer obtenir un contrat».

L'auteur d'une étude sur la détection des fraudes commises en entreprise au Canada, réalisée conjointement avec l'Association des CFE (Certified Fraud Examiners), croit aux «bénéfices» de la commission d'enquête de la juge Charbonneau. Il est d'avis que cela contribuera à assainir un climat qui s'est pourri en raison de règles de soumissions élastiques permettant la corruption et la collusion à haute échelle. «Une chose est certaine, précise-t-il, ce qu'on entend de la bouche des gens qui témoignent devant la Commission brasse beaucoup de poussière.»

Mécanisme de surveillance

Tout en constatant que la fraude gangrène sérieusement les entreprises qui ne disposent pas de mécanismes pour enrayer ce fléau, il insiste sur l'importance de mettre en place des mécanismes de surveillance et de vigilance pour en réduire la portée.

Les «lignes de signalement», permettant à un employé de signaler des agissements douteux dans sa propre entreprise, seraient un outil efficace. Les contrôles à l'improviste menés par le vérificateur interne de la compagnie donneraient également des résultats probants.

Un fait demeure: il n'existe pas meilleur remède antifraude que l'instauration d'un climat de travail où les décisions sont prises dans la transparence. «Il importe que la direction d'une entreprise donne l'exemple et livre un discours honnête. La culture d'entreprise, c'est le début, et c'est ce qui donne le ton», conclut le professeur.