Comment les entrepreneurs peuvent-ils se protéger contre les fraudeurs? Plein de moyens sont à leur disposition, mais c'est souvent en regardant tout près de soi et en restant vigilant qu'on y parvient.

Premier constat: la fraude ne prend jamais congé. Deuxième constat: les fraudeurs n'ont jamais été aussi imaginatifs pour déjouer les systèmes de sécurité. Troisième et dernier constat: les entreprises ne se doutent pas toujours que les fraudeurs sont, dans une proportion relativement importante, leurs propres employés!

«Il ne faudrait pas généraliser et laisser entendre que les employés sont tous des fraudeurs, loin de là», tient à préciser le nouveau PDG du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), Léopold Turgeon. Il vient de prendre la relève de Gaston Lafleur, qui a quitté son poste après une longue carrière au sein de l'organisme.

Il cite une récente étude commandée par le Conseil qui révèle qu'environ 70% des fraudes et des vols à l'étalage sont commis soit par des employés à l'interne, soit par des fraudeurs n'ayant aucun lien avec l'entreprise. «Une raison de plus, ajoute-t-il, de convaincre les détaillants de renforcer les méthodes de surveillance pour décourager les voleurs potentiels et d'être encore plus vigilants lors du processus d'embauche».

Des pertes élevées

La fraude coûte cher: 1,6million par jour, selon l'étude sur les pertes économiques dévoilée à l'automne 2012 par le CQCD. «C'est 1,29% du chiffre d'affaires, calcule le PDG. Ça met de la pression sur les marges (de rentabilité) des commerçants».

Léopold Turgeon reconnaît que les fraudeurs et les voleurs de grand chemin frappent là où il y a de l'argent à gagner rapidement. «Ces individus raffinent leurs méthodes et nous devons faire de même pour les épingler, mais il y a des coûts élevés à assumer pour nous protéger», ajoute-t-il. Léopold Turgeon ne voit pas là une raison valable pour «rester les bras croisés à ne rien faire». L'ex-directeur des ventes chez Loto-Québec constate, sur le terrain, que les commerçants sont prêts à organiser la riposte pour repousser les fraudeurs, qu'ils soient à l'intérieur ou hors de leurs murs. «La vérification des antécédents d'un employé qu'on s'apprête à embaucher est un moyen parmi tant d'autres. Nous devons rester vigilants et insister sur la prévention», plaide-t-il.

Tout y passe: clonage et vol de cartes de crédit, falsification de chèques, vol de marchandises et d'argent liquide. Et il arrive que des employés qui occupent des postes de commande détournent des fonds, croyant être à l'abri de tout soupçon...

Pour ralentir les ardeurs des fraudeurs, les commerçants vont vérifier les sacs (des clients), embaucher des clients mystères, renforcer les contrôles de surveillance de réception des biens, recourir à des détectives et à des agents en uniforme.

Ils achèteront des coffres-forts, feront installer des verrous, des chaînes, des affiches dissuasives et des miroirs. Et si ça ne suffit pas, ils se doteront de systèmes d'alarme, de caméras en circuit fermé, d'étiquettes antivol, d'alarmes fixées aux marchandises et de systèmes d'alarme silencieux.

La fraude est un phénomène suffisamment important pour que les corps policiers y consacrent temps et énergie. Au cours du mois de mars - consacré le mois de la prévention de la fraude -, il sera beaucoup question des moyens à prendre pour sécuriser son environnement, notamment le déchiquetage de documents.