Le Fonds de solidarité FTQ accorde un prêt de 15 millions à la firme britannique AJW Aviation (AJW), qui avait repris une partie des activités de l'entreprise montréalaise de maintenance Aveos en 2013, a appris La Presse Affaires.

La multinationale AJW, située à Londres, est spécialisée dans la vente, la réparation et la location de pièces de rechange pour les avions commerciaux. Elle totalise des revenus annuels d'environ 500 millions US.

Ce prêt subordonné n'est pas lié à un projet spécifique. «Il s'agit d'un investissement visant à soutenir les activités de AJW», précise André Viau, directeur de portefeuille au Fonds FTQ.

Seule une portion de cette somme sera affectée à la filiale montréalaise AJW Technique, indique Ian Malin, président et chef de la direction d'AJW Capital Partners Limited, la division investissements chez AJW. «Indirectement, cet argent servira au site montréalais puisque celui-ci est en train de devenir un rouage essentiel pour notre groupe», poursuit M. Malin.

Ce n'est pas faute d'investisseurs que AJW s'est tourné vers le Fonds FTQ, affirme M. Malin, qui dit pouvoir compter sur de solides partenaires financiers au Royaume-Uni. «L'aéronautique est une industrie globale, composée de cultures locales, a-t-il expliqué en entrevue. Le Fonds FTQ est le bon partenaire parce qu'il comprend l'aéronautique et qu'il nous apporte une expertise locale au Québec que nous ne possédons pas.»

Une place à part

AJW avait créé AJW Technique, spécialisée dans la réparation de composants aéronautiques, tels que les systèmes pneumatiques et électroniques, peu après la disparition d'Aveos.

L'entreprise d'entretien d'avions avait fait faillite en 2012, à la suite de la diminution des commandes d'Air Canada. La fermeture de l'entreprise de l'arrondissement Saint-Laurent avait entraîné la mise à pied de 1800 travailleurs.

Le Fonds FTQ avait alors accordé un premier prêt sans garantie de 12 millions à AJW, visant à financer la reprise de certaines activités d'Aveos. Le gouvernement du Québec avait aussi accordé une subvention de 3 millions et un prêt de 4 millions à la firme britannique.

Avant la création de AJW Technique, la firme britannique faisait uniquement affaire avec des entreprises de maintenance externes. Désormais, les composants arrivent de plusieurs continents pour être entretenus et réparés à l'usine montréalaise.

En 2013, au moment où le gouvernement du Québec et le Fonds FTQ apportaient du financement à AJW, la firme britannique prévoyait créer 200 à 300 emplois à Montréal d'ici 2016.

L'objectif reste à atteindre. «Les débuts ont été plus lents que prévu en raison de la longueur des délais pour obtenir les certifications auprès des organismes d'accréditation, précise M. Viau. Mais AJW prévoit faire des embauches encore cette année.» «Nous devrions parvenir à rejoindre l'objectif annoncé il y a deux ans», soutient même Ian Malin.

La concurrence des pays à faible coût de main-d'oeuvre n'effraie pas Gilles Poulin, directeur principal aux investissements au Fonds FTQ. «Il se fait beaucoup d'entretien de fuselage à l'étranger, indique-t-il, mais le travail réalisé chez AJW à Montréal demande une expertise. Ces activités ne peuvent pas être relocalisées uniquement sur la base du coût de la main-d'oeuvre.»

AJW attend présentement l'approbation des autorités chinoises pour étendre sa présence sur ce marché. Ian Malin n'a pas souhaité parler du possible impact de cette certification sur le développement des activités de AJW Technique.