Les étudiants en aérospatiale ne manqueront pas de travail dans les prochaines années. Qu'ils sortent du secondaire, du cégep ou de l'université, ils sont attendus par les entreprises dont les carnets de commandes sont garnis.

«L'industrie fera face au départ à la retraite de 30% de sa main-d'oeuvre dans les 15 prochaines années», avance Suzanne Benoit, PDG d'Aéro Montréal, grappe aérospatiale de la métropole.

L'âge moyen des employés du secteur ne cesse d'augmenter, à près de 43 ans actuellement. «Mais dans des entreprises comme Pratt&Whitney, c'est 49 ans. Et chez Bombardier, c'est 53 ans», précise-t-elle.

Or, la production de l'industrie aérospatiale repart à la hausse, poussée par des projets tels que la CSeries de Bombardier. «On va assister à une augmentation de la cadence d'ici à 2017, croit Mme Benoit. Les besoins de main-d'oeuvre sont réels à long terme.»

Pour l'heure, le nombre de diplômés universitaires et techniques est en adéquation avec les demandes d'embauche. Mais certains emplois pourraient être plus difficilement pourvus. «Quand la cadence repart, ce sont surtout les ouvriers qui manquent: machinistes, ébénistes, outilleurs et mécaniciens», ajoute-t-elle.

Des programmes plus spécialisés

Les défis ne manqueront pas pour les diplômés de l'aérospatiale. «La nouvelle donne, c'est la fabrication avancée,explique Mme Benoit. L'automatisation va apporter un développement important des compétences. Cela engage une capacité à travailler avec des nouvelles technologies en constante évolution.» Les étudiants recevront donc des enseignements de plus en plus pointus.

Les établissements de formation doivent suivre cette évolution en proposant de nouveaux programmes, adaptés aux besoins de l'industrie. Les premiers diplômés du programme de baccalauréat en génie aérospatial sont arrivés sur le marché du travail en 2012. Ce bac, le premier du genre au Canada, est proposé par Polytechnique Montréal, en partenariat avec l'École nationale d'aérotechnique (ENA) du collège Édouard-Montpetit, Bell Helicopter Textron Canada et Bombardier Aéronautique.

L'Université McGill et l'École de technologie supérieure de Montréal viennent de lancer le Centre aérospatial de perfectionnement (CAPE), destiné à l'éducation permanente en génie aérospatial. Le CAPE offrira des formations pratiques et des cours de courte durée dès le mois de mars dans de nombreux domaines, dont la conception d'aéronefs, les alliages métalliques, les matériaux composites, etc.

Se former, même après les études

Les entreprises doivent aussi satisfaire leurs besoins de formation interne. Celle-ci est indispensable aux entreprises pour suivre l'évolution technologique, ou même pour simplement maintenir leur niveau d'expertise.

Or, les départs à la retraite présentent un risque de perte de savoir-faire. Cet enjeu est particulièrement criant pour les PME, qui peuvent difficilement aller chercher une recrue très spécialisée, par manque de moyens humains et financiers.

L'Institut de formation aérospatiale (IFA) a ainsi élargi son mandat pour aider la clientèle des PME à préserver ses compétences. Cet organisme, qui était un guichet unique de formation, propose désormais des services-conseils aux entreprises, pour les aider à déterminer leurs besoins et à trouver la manière la plus judicieuse de les combler.