Le 17 octobre, les grandes firmes de l'aéronautique discuteront d'un dossier essentiel: comment s'approvisionner tout en respectant les normes environnementales des pays où ils font des affaires?

Il y aura autour de la table les Airbus, Boeing, Bombardier, Dassault, Embraer et Northrop Grumman.

Les autorités de plusieurs pays ont établi des normes qui proscrivent ou limitent certains produits sur leur territoire. À titre d'exemple, l'Europe s'est donné la norme REACH en juin 2007. Elle oblige les fabricants et importateurs européens à déclarer chaque tonne de produits chimiques. Cet enregistrement doit contenir une évaluation du degré de dangerosité de la substance.

«Concrètement, ça veut dire que si une entreprise européenne importe des avions Bombardier, elle doit fournir, et nous aussi, des textes de conformité avec la norme REACH, résume Claire Auroi, directrice de la chaîne d'approvisionnement chez Bombardier Aéronautique. Comme REACH fonctionne sur le principe «une substance, un enregistrement», l'exercice peut devenir très complexe.»

Bombardier et les autres grands constructeurs doivent aussi obtenir de leurs fournisseurs toutes les informations environnementales requises pour fournir ces déclarations. Cela pèse très lourd sur la chaîne d'approvisionnement.

Table de concertation

Pour faire face à ce défi de l'approvisionnement durable, les grands constructeurs ont créé en juin 2011 l'IAEG (International Aerospace Environmental Group). Cette table de concertation réunit les grands avionneurs ainsi que d'importants fournisseurs comme Ratheon, Lockheed Martin, Rolls Royce et GE.

L'IAEG se réunira en octobre prochain.

«Il ne s'agit pas d'un lobby pour combattre les normes environnementales, mais au contraire d'un effort collectif pour s'y conformer, précise Mme Auroi, qui siège au conseil d'administration. Nous voulons mieux comprendre les exigences environnementales en vigueur. Nous allons donc nous informer les uns les autres.»

Ensuite, dans un avenir rapproché, les membres de l'industrie veulent standardiser leurs pratiques.

«Nous voulons aussi harmoniser notre approche avec nos fournisseurs, ajoute-t-elle. Imaginez un fournisseur qui dessert plusieurs d'entre nous. Si chacun d'entre nous exige de lui des méthodes de déclarations environnementales différentes ou même contradictoires, il va en perdre son latin!»

Discussions plus vastes

Cette table est aussi un forum de discussions plus vastes sur l'environnement en général.

Les exigences environnementales touchent beaucoup d'autres grands manufacturiers ainsi que leur chaîne d'approvisionnement. Les avionneurs pensent tirer profit de l'expérience d'autres secteurs manufacturiers relativement à la question de la conformité harmonisée aux règles de déclaration.

En mars 2012, quand l'IAEG a tenu son assemblée générale annuelle, elle a invité quatre organismes à partager leurs efforts d'harmonisation. Les membres ont entendu des représentants de l'Association européenne des manufacturiers automobiles (ACEA), de la Coalition de l'industrie électronique (EICC) et de l'Association des manufacturiers des chemins de fer (UNIFE).

«Cela a éclairé notre lanterne, souligne Mme Auroi. Nous avons aussi rencontré des représentants du programme environnemental de l'ONU (UNEP). Nous sommes soucieux d'efficacité, mais nous voulons être sûrs que nous restons à l'intérieur des balises.»

La rencontre d'octobre, à Fort Lauderdale, en Floride, vise à dresser une liste précise des substances chimiques utilisées dans l'avionnerie et l'avionique. Sur la base de cette liste de produits, de leurs propriétés et risques potentiels, on veut produire des formulaires de déclarations environnementales harmonisées. Mme Auroi précise qu'on est encore loin du but.