Comment encourager les étudiants à poursuivre leurs études en aéronautique? Trois établissements de formation ont mis en place des accords mutuels afin de reconnaître leurs cours. Résultat: les étudiants peuvent prolonger leur cursus en passant moins de temps sur les bancs d'école.

Depuis 2008, l'École Polytechnique de Montréal et l'École nationale d'aérotechnique (ÉNA) font un échange de bons procédés. Les étudiants en génie aérospatial ont accès aux équipements et aux aéronefs du campus du collège Édouard-Montpetit, situé à proximité de l'aéroport de Saint-Hubert.

«Nos étudiants y font leurs travaux pratiques. En contrepartie, nous offrons 12 places chaque année aux finissants du DEC de l'ÉNA, sur une cohorte de 60 à 65 inscriptions dans notre programme», explique Aouni Lakis, responsable de la maîtrise en génie aérospatial à l'École Polytechnique de Montréal.

La faculté de génie reconnaît 28 crédits aux étudiants de l'ÉNA. Ils doivent cependant recevoir des cours de mise à niveau en mathématiques. Au total, l'économie est de 15 crédits, sur les 120 du programme. De son côté, l'ÉNA a intégré à son programme des cours préalables, afin de faciliter la poursuite des études en génie. Avec ces ajustements, les détenteurs d'un DEC peuvent obtenir leur diplôme d'ingénieur en trois ans, contre quatre auparavant.

«La durée du programme était un frein, souligne Louis-Marie Dussault, directeur adjoint aux études de l'ÉNA. Pourtant, 40% de nos élèves sont intéressés à continuer leur formation.»

Les places réservées ne trouvent pas toutes preneur. «Nous n'avons qu'entre cinq et huit candidats de l'ÉNA se présentant, car il leur est facile pour eux de trouver du travail dès la fin de leur DEC, précise M. Lakis. Mais avant cette entente, les finissants ne regardaient même pas quel cours ils devaient choisir pour poursuivre leurs études. Ils partaient immédiatement chez un employeur.»

Éviter les redondances

Forte de cette expérience, l'ÉNA a noué un partenariat semblable avec l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal (ÉMAM), quoique moins formel. «Nous reconnaissons des cours à leurs étudiants. Nous ne voulons pas les placer dans une situation où ils devraient reprendre un enseignement déjà reçu», explique Louis-Marie Dussault.

Cette perspective a plu à l'ÉMAM. «Nos étudiants sont de plus en plus jeunes. La moyenne d'âge est de 27 ans, mais la clientèle âgée de 16 à 20 ans a augmenté ces dernières années», souligne Josée Péloquin, directrice de l'ÉMAM. «Pour ces jeunes, la perspective de poursuivre au collégial est intéressante.»

La passerelle est peu utilisée si on se fie aux chiffres fournis par l'ÉNA. Celle-ci compte présentement 121 étudiants inscrits au DEC-BAC en génie aérospatial ayant pour objectif de poursuivre à l'université. Un seul d'entre eux provient de l'ÉMAM.

«Nous tentons de bonifier l'initiative. On pourrait accueillir davantage d'étudiants de l'ÉMA au sein d'une attestation d'études collégiales (AEC) plus courte qu'un DEC, et avec une spécialisation sur certains types d'appareils», propose M. Dussault.

Une initiative applaudie

Les accords entre écoles préservent la motivation des étudiants. «Ces passerelles sont bénéfiques pour les entreprises, car les étudiants ne se découragent pas à force de suivre des cours inutiles», estime Serge Tremblay, directeur général du Comité sectoriel de main-d'oeuvre en aérospatiale.

«C'est une façon de bien utiliser les structures en place afin de former la main-d'oeuvre dont l'industrie a besoin.»