Apprendre des théories, façonner une façon de penser et tenter d'imaginer sa place sur le marché du travail, c'est une chose. Quitter les bancs d'école, trouver sa spécialité et goûter à la réalité de la vie professionnelle, c'en est une autre. Trois jeunes ingénieurs nous racontent leur transition.

Frédéric Maliha, 25 ans

Génie mécanique

Ingénieur junior en recherche et développement chez SACO

Un diplôme en génie peut ouvrir tant de portes qu'il peut être difficile de savoir laquelle choisir après ses études. Selon Frédéric Maliha, il est donc impératif de pouvoir s'adapter et de multiplier les occasions de trouver son créneau. « À l'université, c'est très utile de s'impliquer dans les associations étudiantes et les projets techniques. Contrairement aux cours, où la théorie est ultraprésente, on y fait du concret. On fabrique quelque chose. Ça aide à trouver ce qu'on aime. » Il suggère aussi de prévoir une spécialisation, si possible. « Moi, j'ai terminé ma formation avec un profil général pour garder les portes ouvertes, mais j'ai eu un stage d'un an dans un domaine très spécifique : l'éclairage. Ça m'a donné une expérience considérable. » Il croit d'ailleurs que les stages sont la clé. « Je conseillerais des stages de 6, 8 ou 12 mois. Il ne faut pas être pressé de finir. C'est bon de prendre son temps et de faire le plus de stages possible pour mieux s'orienter. »

Simon Bellemare, 24 ans

Génie électrique

Ingénieur de réseaux junior chez Cisco

Simon Bellemare croit que ses études lui ont surtout appris à résoudre des problèmes. « L'école nous montre à bien penser et à développer une méthode de travail. Nous apprenons les bases de l'ingénierie qui vont nous permettre de comprendre les concepts pratiques en entreprise. » Il est d'ailleurs convaincu qu'il maîtrise la majorité de ses tâches grâce aux formations internes et aux heures passées à observer les ingénieurs seniors. « Les meilleures personnes pour nous aider à intégrer des compétences plus techniques et comment fonctionne une compagnie, ce sont les ingénieurs plus expérimentés. Je me tiens beaucoup avec eux pour apprendre. » Le jeune ingénieur conseille donc aux futurs diplômés de rester confiants, même s'ils ne se sentent pas outillés à 100 % pour un emploi. « Les employeurs gèrent l'embauche de jeunes diplômés depuis longtemps. Ils savent à quoi ressemblent nos compétences et leurs attentes sont réalistes. Il ne faut donc pas avoir peur de croire qu'on peut faire un travail et d'apprendre en entreprise. »

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Simon Bellemare, ingénieur de réseaux chez Cisco.

Vincent Landry-Arcand, 24 ans

Génie civil

Ingénieur junior en planification de transports et de circulation chez WSP

Considérant que l'université est largement basée sur l'acquisition de connaissances afin de performer aux examens, Vincent Landry-Arcand avance que 99 % de ce qu'il a appris sur les bancs d'école ne lui sert pas au travail. « C'est particulièrement le cas dans un domaine aussi vaste que le génie civil ! Certains finissants évoluent en analyse de sol, d'autres, en traitement des eaux usées. Moi, je travaille en transports, alors que j'ai suivi seulement trois cours sur le sujet en quatre ans d'université. Soit 9 crédits sur 120 ! » Pas surprenant qu'il voie les stages comme une planche de salut pour savoir quelle branche choisir. « La plupart des étudiants en génie civil ne savent pas quel secteur choisir. Le meilleur truc pour le trouver, c'est de faire des stages hyper diversifiés : au public et au privé et dans des domaines très variés. Pas pour tout savoir à propos de tout, mais pour être certain d'avoir la passion pour apprendre par la suite. »

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Vincent Landry-Arcand, ingénieur junior en planification de transports et de circulation chez WSP.