La hausse des taux d'intérêt qui commence à se profiler et la quête de dividendes par les investisseurs ont marqué la dernière année de l'industrie des fonds communs de placement au Canada.

Mais la question des frais de gestion des fonds canadiens, réputés comme étant parmi les plus élevés au monde, est demeurée au coeur des préoccupations autant des gens de l'industrie que des investisseurs.

Ironiquement, malgré ces frais élevés, les investisseurs n'en continuent pas moins de les acheter. Les ventes ont continué d'être fortes au Québec; les actifs sous gestion ont augmenté de 11%, passant de 144 à 160 milliards, souligne Claude Paquin, président du Groupe Investors pour le Québec, et président du Conseil des fonds d'investissement du Québec (CFIC).

C'est peut-être que les investisseurs comprennent que la comparaison entre les frais canadiens et ceux des autres pays est quelque peu injuste. «La comparaison entre les frais est boiteuse, car les frais des fonds canadiens incluent les commissions de maintien versées aux conseillers, alors que ce n'est pas le cas aux États-Unis», dit-il.

L'Autorité des marchés financiers (AMF), de concert avec l'industrie, s'est penchée longuement sur la question de la transparence des frais et des rendements des fonds communs. Des modèles uniformes de divulgation autant des frais que des rendements ont été formulés l'été dernier, et les participants de l'industrie ont jusqu'au 15 juillet 2016 pour s'y conformer, explique Sylvain Théberge, porte-parole de l'AMF.

Gare à une hausse des taux d'intérêt

La hausse des taux obligataires s'est amorcée cette année et elle devrait avoir une incidence importante sur l'industrie des fonds communs au cours des prochaines années.

Comme une hausse de taux se traduit par une baisse du prix des obligations, les fonds communs d'obligations risquent de se déprécier de façon importante si les taux obligataires montent beaucoup, une éventualité que la majorité des économistes n'excluent pas dans leurs prévisions.

Paradoxalement, ce sont les fonds communs de revenu fixe qui, en date du 30 août, ont connu les entrées d'argent les plus importantes depuis le début de l'année, indique Léon Garneau Jackson, vice-président, BMO Gestion d'actifs.

Devant l'éventualité que les hausses de taux se poursuivent, certains manufacturiers développent des fonds communs composés de titres de dettes à taux variable plutôt que d'obligations conventionnelles à taux fixe. Ces fonds pourraient devenir un produit très à la mode au cours des prochaines années.

Vers les dividendes américains

On ne cesse d'entendre les experts nous dire que les Bourses américaines offrent de meilleures occasions de rendement que la Bourse canadienne. C'est qu'au Canada, le marché boursier est trop concentré dans les titres de matières premières et de ressources énergétiques, et que ces secteurs n'ont plus la cote à cause de la faiblesse des prix des commodités.

Les investisseurs ont sûrement compris le message, car une des plus importantes tendances qu'on note actuellement est l'appétit des investisseurs canadiens pour les titres et les indices américains. Et ils satisfont cet appétit de deux façons. D'abord en achetant des fonds de dividendes de sociétés américaines, ensuite en investissant dans des fonds de fonds négociés en Bourse (FNB), constate M. Jackson.

Investir dans des titres à dividendes demeure une thématique populaire. Et beaucoup d'argent va également vers les fonds de dividendes mondiaux, observe-t-il.

Un peu de consolidation

Par ailleurs, l'appétit des investisseurs pour les fonds portant sur l'environnement et l'exploitation durable se serait quelque peu tari.

Devant le peu d'entrées de capitaux, ces fonds demeuraient trop petits, ce qui causait des frais trop élevés. La tendance est donc à la consolidation des petits fonds dans ce secteur.

Par contre, les fonds de revenu et les fonds de dividendes gardent la faveur des investisseurs et devraient être à nouveau parmi les plus populaires au cours de la prochaine année.