Dans l'éventualité d'une reprise de l'économie, les taux d'intérêt commenceraient à augmenter. Cette possibilité semble de plus en plus plausible aux créateurs d'outils d'épargne et d'investissement. Ils mettent donc en marché de nouveaux véhicules financiers pour les adapter aux conditions qui pointent à l'horizon.

Ces nouveaux produits délaissent les revenus fixes, principalement les obligations gouvernementales, en faveur des fonds d'actions et des rendements variables liés aux taux d'intérêt. Les obligations deviendraient moins intéressantes, car, selon la firme Morningstar, pour chaque augmentation d'un point de pourcentage des taux d'intérêt, une obligation ordinaire peut perdre 4,2% de son rendement.

Fonds de prêts

Léonie Saint-Pierre Dionne, planificatrice financière au Centre financier SFL des Deux-Rives à Lévis, connaît les nouveaux produits financiers sur le bout de ses doigts. En mai 2013, elle a obtenu la deuxième place (sur 187!) aux examens de l'Institut québécois de planification financière. Elle sert aussi de mentor aux futurs diplômés.

Selon cette experte, les fonds composés de prêts garantis de premier rang sont une nouveauté typique de cette seconde moitié de 2013. «Ces prêts sont consentis à de grandes entreprises financièrement solides, dit Mme Saint-Pierre Dionne. Les taux des prêts varient en suivant les taux de base plus une prime invariable liée au risque. Si les taux de base augmentent, les rendements le font aussi. On a là une mécanique fonctionnant dans le sens exactement inverse des obligations, qui se déprécient quand les taux de base augmentent.» Il s'agit de prêts de premier rang, garantis.

Depuis septembre 2013, les fonds Renaissance ont lancé ce genre de placement sous l'appellation Fonds de revenus à taux variable. Ces fonds sont composés de prêts privilégiés consentis à des entreprises. On trouve chez Renaissance un fonds de prêts à des entreprises américaines et un autre à des entreprises mondiales. Mme Saint-Pierre Dionne mentionne aussi que les fonds AGF offrent ce type de produit depuis quelques mois.

Ces prêts représentent un risque calculé, car ils sont garantis par des nantissements sur des actifs des entreprises qui les reçoivent ou par des éléments d'inventaires.

Depuis le 28 mars 2013, BMO Fonds d'investissement offre aussi ce type de produit. «Un fonds de ce genre est composé surtout de prêts à taux variable [suivant les taux de base plus la prime au risque] et d'obligations de compagnies, explique Léon Garneau Jackson, vice-président, Est du Canada, pour BMO Gestion mondiale d'actifs. Il convient à des gens prêts à accepter un risque faible à moyen et qui cherchent à diversifier un portefeuille de revenus fixes.»

Fonds hybrides

En août 2013, RBC Gestion mondiale d'actifs a lancé un fonds hybride, le Fonds équilibré de croissance et de revenu. «C'est un produit typique de ce moment où les obligations gouvernementales ne sont plus la solution incontournable à la crise qui a sévi depuis 2009», explique Dave Richardson, vice-président de RBC Gestion mondiale d'actifs.

«Notre fonds équilibré détient environ un tiers de titres à revenu fixe et autour de 50% d'actions de compagnies, dit-il. Il y a un peu plus de 10% d'actions internationales. Ça s'adresse à ceux qui veulent des revenus, mais aussi un potentiel d'accroissement du capital. C'est un placement à moyen ou à long terme.»

Fonds à rendement cible

Ils ne sont pas aussi nouveaux que les deux types de fonds décrits plus haut, mais depuis le début de 2013, selon Jean Masson, directeur général, Gestion de placement TD, ils ont la faveur des investisseurs. Ce sont les fonds à rendement cible.

«Un fonds de cette famille vise un rendement précis sur 5 ans, disons celui des bons du Trésor plus 3% ou 5%. Ils sont composés d'obligations d'entreprises, soit à taux variable, soit à haut rendement, et aussi d'obligations convertibles. Ils évitent la volatilité des titres purement boursiers et protègent contre l'érosion du capital attribuable à l'inflation.»

Lancés le 10 septembre 2013, les Portefeuilles de retraite TD visent à assurer aux retraités un revenu convenable malgré des taux d'intérêt encore en état d'hibernation. «Nous avons composé ces portefeuilles de fonds à rendement cible [voir plus haut], d'actions à faible volatilité et d'actions avec option de vente», explique Jean Masson, directeur général, Gestion de placement TD.

«Les actions avec option de vente sont des actions assorties d'une assurance garantissant un prix plancher à leur revente. Si vous avez acheté ces actions, disons, 10$, l'assurance garantit que le prix à la vente ne peut être sous, disons, 8$. On diminue la volatilité liée à la Bourse tout en cherchant un revenu meilleur que des placements extrêmement conservateurs. Nous offrons un portefeuille relativement faible en risque et un autre un tout petit peu plus agressif.»