Cette année, un portefeuille équilibré composé d'actions et d'obligations a, une fois de plus, bien servi les investisseurs. Mais en sera-t-il de même en 2013? Ou faudra-t-il plutôt prendre plus de risques pour obtenir un rendement similaire?

Depuis le mois de janvier, les rendements boursiers atteignent 8% à 14%, selon si vous avez investi au Canada ou aux États-Unis.

Du côté des obligations, la performance - quoique plus faible - demeure intéressante. Le rendement de l'indice DEX Univers avoisine 3%, si on additionne intérêts et gains en capital. Les obligations de sociétés, quant à elles, ont procuré des rendements de 6% et plus, ce qui a permis aux fonds de revenu fixe balancés de réaliser des rendements de 5 à 6% au cours des 12 derniers mois.

Mais pour répéter ces performances l'an prochain, les investisseurs devront, semble-t-il, prendre plus de risques. Deux raisons à cela: d'abord, l'appréciation des Bourses depuis le creux de mars 2009 deviendra plus ardue, étant donné que le bull market (marché à la hausse) entamera sa quatrième année au printemps. Mais aussi, les taux d'intérêt très bas pourraient placer le marché des obligations dans une position très vulnérable.

Obligations

Pendant bien des années, des taux suffisamment élevés sur les obligations permettaient aux investisseurs d'équilibrer leurs portefeuilles entre les actifs plus risqués que sont les actions et ceux moins risqués que sont les obligations.

Mais les taux d'intérêt sont actuellement si bas que les obligations ont perdu cet attrait. Elles deviennent même une catégorie d'actifs de plus en plus risquée. En effet, qu'arriverait-il si les taux des obligations remontaient, ne serait-ce que de 1%?

Rappelons que le prix d'une obligation connaît une variation inversement proportionnelle à celle du taux d'intérêt. Si le taux de l'obligation augmente, le prix diminue.

Par exemple, considérons les obligations venant à échéance dans 10 ans du gouvernement du Canada, qui rapportent à peine 1,75% d'intérêt actuellement. Pour chaque hausse de 1% du taux de l'obligation, le prix chutera de près de 9%, estime Stéphane Rochon, directeur de la recherche chez BMO Nesbitt Burns. Si cela devait se produire, le rendement total, soit les intérêts plus la perte en capital, sera alors désastreux.

Chose certaine, le risque de détenir des obligations est aujourd'hui beaucoup plus élevé, alors que leur capacité de générer des rendements intéressants est de plus en plus faible.

Actions

Faut-il alors se tourner vers les actions?

L'économie canadienne devrait croître à un rythme de 2,2% en 2013, estime Mathieu D'Anjou, économiste principal chez Desjardins. Aux États-Unis, ce sera 1,9%.

Cela signifie que l'année boursière 2013 sera moins spectaculaire que la précédente. «Après trois années de forte reprise, la croissance des profits des sociétés est maintenant appelée à ralentir», dit M. D'Anjou.

Mais cette activité économique permettra quand même des rendements boursiers, dont les dividendes, de 9,5% au Canada et de 9% chez nos voisins du Sud, estime M. D'Anjou.

Mais comme il s'agit d'actions en Bourse, ces prévisions sont assujetties à certains facteurs de risque.

D'abord, bien que la situation ne semble plus aussi tendue que l'été dernier, des incertitudes subsistent quant à l'état de santé de la zone euro. Les six premiers mois de l'année 2013 pourraient ramener l'Europe à l'avant-plan de l'actualité économique.

De plus, le précipice fiscal vers lequel se dirigent les États-Unis le 31 décembre 2012 pourrait avoir un effet néfaste en 2013 si rien n'est fait pour l'éviter. Cette situation est causée par l'annulation de baisses d'impôts conjuguée à des coupes budgétaires automatiques si les représentants au Congrès ne réussissent pas à s'entendre d'ici là.

La conséquence sera un ralentissement draconien de l'économie, même un retour récession. «Bien qu'il ne s'agisse pas de notre scénario de base, un retour à la récession demeure le plus gros risque concernant le marché des actions», dit Mathieu D'Anjou.

Les investisseurs devront plus que jamais demeurer aux aguets.

Favoriser l'Amérique du Nord

L'Amérique du Nord constituera un meilleur endroit pour investir que l'Europe, explique Matthieu Arseneau, économiste principal à la Financière Banque Nationale.

Même si la croissance économique américaine aura du mal à atteindre 2%, ce sera mieux qu'en Europe où l'économie demeurera stagnante. À peine 0,3% de croissance est prévu en 2013 en raison des programmes d'austérité auxquels plusieurs pays doivent s'astreindre afin de rétablir leur situation budgétaire, prévoit M. Arseneau.

À la Financière, on préfère tempérer les attentes. La hausse du marché boursier américain pourrait se limiter à 5%, et celle du marché canadien à 4%, estime le stratège Stéfane Marion.

Et la meilleure façon de réduire le risque associé aux marchés sera de privilégier les titres à dividendes, ajoute le stratège. Car si les cours boursiers ne montent pas autant que prévu, il restera toujours le dividende.