Historiquement, les femmes et les hommes ont connu des situations financières incomparables. Aujourd'hui, dans leurs habitudes d'épargne et d'investissement, des différences se font sentir.

La femme est économe et prudente. L'homme est plutôt insouciant avec l'argent. On entend souvent ces clichés. Y a-t-il un fond de vérité dans ces idées préconçues?

«On ne peut pas mettre toutes les femmes dans un panier et tous les hommes dans un autre. Il y a de grandes différences parmi les hommes et parmi les femmes en fonction de leur personnalité», affirme Nathalie Bachand, planificatrice financière et associée chez Bachand Lafleur Preston, Groupe-conseil.

Le cliché n'est tout de même pas si loin de la réalité, si on se fie aux statistiques de la Régie des rentes du Québec (RRQ).

Épargne

En moyenne, les femmes épargnent davantage que les hommes en proportion de leur salaire.

Le taux de cotisation des hommes âgés de 30 à 55 ans qui participent à un régime enregistré d'épargne-retraite (REER) a une médiane d'environ 4% chez ceux qui ont un salaire entre 30 000 et 39 999$.

Chez les femmes, la médiane est de 5%. Lorsqu'on atteint un salaire de 100 000 à 119 999$, la médiane est de 10% chez les hommes, et de 12% chez les femmes.

Les femmes sont aussi beaucoup plus assidues que les hommes en matière d'épargne. Les statistiques de la RRQ sur la répartition des travailleurs québécois âgés de 30 à 55 ans cotisant à un REER ou à un régime complémentaire de retraite selon le nombre d'années de cotisation et le revenu de travail entre 2004 et 2008 sont révélatrices.

Seulement 10% des hommes ayant un revenu de travail de 10 000 à 19 999$ ont cotisé pendant cinq années consécutives et 55% n'ont pas cotisé du tout pendant ces cinq années. Chez les femmes, pour la même tranche de revenu, 15% ont cotisé pendant ces cinq années, alors que 49% n'ont pas cotisé du tout.

Pour ceux qui ont gagné entre 30 000 et 39 999$, 45% ont cotisé pendant ces cinq années consécutives, et 20% n'ont pas cotisé du tout. Chez les femmes, on grimpe à 70% qui ont cotisé pendant les cinq années et seulement 9% n'ont pas cotisé du tout.

Un bémol

De vraies fourmis donc, les femmes? Georges Langis, actuaire en chef à la RRQ, met un bémol. «Les hommes gagnent en moyenne un salaire plus élevé que les femmes. Donc, un homme qui gagne 30 000$ par année a de bonnes chances que sa conjointe gagne moins. Par contre, une femme qui gagne 30 000$ risque fort que son mari gagne plus. Or, la capacité d'épargne vient beaucoup du revenu familial», explique-t-il.

Georges Langis croit tout de même que les femmes seules sont un peu plus assidues que les hommes en matière d'épargne. «Par contre, la différence entre les deux sexes est moins grande lorsqu'on regarde uniquement les gens seuls», précise-t-il.

Sur le terrain

Nathalie Bachand n'est pas étonnée par ces chiffres. «Je vois dans mon travail que les femmes sont un peu plus assidues que les hommes en matière d'épargne.»

Elle croit également que les femmes seules vivent plus d'insécurité. «Elles voient donc l'importance d'épargner. De façon générale, elles vont aussi aller vers des placements un peu moins risqués que les hommes. Elles ont souvent davantage un profil d'investisseur sécuritaire que les hommes», affirme Mme Bachand qui est également membre du conseil d'administration de l'Institut québécois de planification financière.

Elle remarque aussi que plusieurs de ses nombreuses clientes féminines posent beaucoup plus de questions que les hommes. «Elles veulent savoir où elles s'en vont et elles ont besoin d'être rassurées, surtout en ce qui a trait à la retraite. J'ai plusieurs baby-boomers comme clients et la grande majorité des femmes de cette génération ont moins travaillé en début de carrière puisqu'elles ont eu des enfants. Plusieurs ont donc une caisse de retraite moins garnie. Elles ont du rattrapage à faire.»