Marge de crédit d'opération, hypothèque mobilière ou immobilière, fonds de roulement, etc. Votre PME a besoin de financement, mais votre banquier refuse de vous aider. Si tel est votre cas, ou bien vous vous y êtes mal pris, ou bien votre entreprise a connu des soubresauts ces dernières années. Voilà le diagnostic que posent Richard Longtin et Luke De Stephano. Ces deux spécialistes dans le financement de PME nous suggèrent ici des stratégies et des solutions de rechange quand les banques disent non.

Richard Longtin a travaillé près de 30 ans pour le compte de différentes institutions financières. Depuis 2002, il se présente comme «L'ex-banquier et coach des PME». Sa spécialité: aider les chefs d'entreprises à trouver du financement, que ce soit des microentreprises ou des PME en démarrage, en croissance ou en difficulté.

Même si les taux d'intérêt sont à un creux historique, trouver du financement par les temps qui courent n'est pas à la portée de toutes les entreprises. «La PME qui a une belle situation financière, le banquier lui court après en ce moment. Mais la PME qui a vécu des difficultés est démunie face aux prêteurs. Un des problèmes qu'on voit en ce moment, c'est le manque de liquidités», explique M. Longtin.

Son conseil aux entrepreneurs: «Osez négocier, vous avez plus de pouvoir que vous ne le croyez. Arrêtez cependant de vouloir faire tout vous-mêmes, faites-vous aider. On ne peut pas être bon dans tout. Les banques ne sont pas là pour perdre de l'argent ou faire du capital de risques. Même si on a de l'équité, les banques ne prêtent pas toujours d'emblée. Comme l'a si bien dit Mark Twain: les banques vous prêtent un parapluie quand il fait beau, mais vous l'enlèvent quand il pleut», dit-il.

Quand le financement se fait criant et que les choix sont limités, l'ex-banquier suggère le Programme de financement des petites entreprises du Canada (PFPEC). Ce programme permet aux PME ayant un chiffre d'affaires de moins de 5 millions de pouvoir bénéficier d'un prêt pouvant atteindre jusqu'à 500 000$.

«Les conditions d'emprunt sont claires et simples à comprendre. Le hic, c'est que ça coûte beaucoup plus cher qu'un prêt conventionnel. Les droits d'enregistrement représentent 2% du montant du prêt. Et les frais d'administration sont de 1,25%. Sur un prêt de 500 000$, c'est plus de 16 250$ de frais. C'est sans compter le taux d'intérêt», dit Richard Longtin, qui est également conférencier et dont le premier livre sera incessamment publié.

Trois autres solutions

Luke De Stephano a plusieurs cordes à son arc. Chargé de cours à HEC Montréal, de même qu'à l'Université du Québec en Outaouais, il travaille également dans un Centre financier aux entreprises (CFE) de Desjardins. Selon lui, la plupart des entrepreneurs qui n'obtiennent pas de prêt sont mal préparés. Il recommande la rédaction d'un plan d'affaires étoffé. «Un plan d'affaires pousse l'entrepreneur à se poser des questions. Ça lui permet de démontrer qu'il sait où il s'en va», dit M. De Stephano.

Selon le spécialiste en financement de PME, qui a lui-même déjà été chef d'entreprise, il existe trois sources de financement qu'il qualifie de «hors institutions financières». Il y a tout d'abord le «Love Money», c'est-à-dire de l'argent fourni par les membres de sa famille ou par des amis.

Les chefs d'entreprise peuvent également compter sur leurs ressources personnelles. «Peu d'entrepreneurs le savent, mais ils peuvent utiliser leur REER autogéré pour financer leur PME. Si la personne détient moins de 50% des actions, elle peut retirer jusqu'à 25 000$ de son REER. Et si elle détient moins de 10% des actions, il n'y a pas de limite. Et contrairement au Régime d'accès à la propriété (RAP), il ne faut rien rembourser puisqu'il s'agit d'un placement», explique Luke De Stephano.

Comme troisième voie, M. De Stephano suggère le financement par l'interne. «On peut, par exemple, accélérer la perception des comptes client en offrant des rabais ou bien négocier des ententes avec ses fournisseurs. Diminuer les inventaires pour avoir plus de liquidités ou se faire financer par celui qui nous vend de l'équipement sont des options à ne pas négliger», dit-il.

Enfin, Luke De Stephano tient à rappeler que les banques ne s'intéressent pas seulement à l'entreprise, mais aussi à la personne morale qui veut obtenir du financement. «Pour les prêts de moins de 300 000$, les banques utilisent un logiciel qui va surtout se baser sur les habitudes personnelles de crédit du demandeur et non sur les performances de sa PME», affirme-t-il.