Les trois finalistes de la catégorie Grand Mentor sont des professionnelles aguerries. Celles qui prennent le temps de guider les jeunes femmes de la relève, malgré leur horaire qui a de quoi donner le tournis, ont accepté de dévoiler leurs conseils à La Presse.- Émilie Laperrière, collaboration spéciale

Sortez de votre zone de confort

Daphné Guerci, directrice principale, Gestion des données, Caisse de dépôt et placement du Québec

Q Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui amorcent leur carrière en finance?

R Les femmes se font souvent discrètes en finance. Elles doivent s'exprimer, dire à leur gestionnaire quelles sont leurs attentes et leurs aspirations et ne pas hésiter à lever la main quand un projet les intéresse. Sortir de sa zone de confort est une bonne chose. Elles ne doivent pas non plus avoir peur de l'échec, dont on peut apprendre beaucoup.

Q Quel est le meilleur conseil que l'on vous a donné?

R Il vient de mon père, mon premier mentor, qui disait que l'éléphant mange une bouchée à la fois! Il voulait me faire comprendre qu'il faut y aller étape par étape, par petits pas. Parfois, c'est plus long qu'on le souhaiterait, mais il faut être patient.

Q Quels sont vos dernières réalisations et vos projets pour 2015?

R Je suis dans la continuité. Depuis 2012, mon rôle a pas mal changé. On a lancé une nouvelle initiative de gestion des données sans tambour ni trompette et on a pu récolter les fruits de ce projet l'an dernier. Je ne veux pas que ça s'arrête là. J'ai aussi participé l'an dernier au programme Les bâtisseuses d'Habitat pour l'humanité et j'ai aidé à construire une maison, ce qui est très loin de mon milieu! Je le refais cette année, et quelques membres de mon équipe manieront la scie électrique et le marteau avec moi.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Daphné Guerci

Sachez écouter, observer, respecter

Louise Myrand, vice-présidente, politiques gestions du risque de crédit et chef, lutte contre le blanchiment d'argent, Banque de développement du Canada

Q Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui amorcent leur carrière en finance?

R Je leur dirais de prendre le temps d'apprendre en écoutant et en observant les autres. Il faut aussi réussir à recevoir la critique, que ce soit sur nos textes ou nos présentations. Il faut également respecter l'opinion des autres, qui ne sera pas toujours la même que la nôtre.

Q Quel est le meilleur conseil que l'on vous a donné?

R Plusieurs personnes m'ont dit d'apprendre à me connaître et de savoir mes forces et mes défauts. Quand on se connaît bien, on peut se regarder dans le miroir et se dire sans gêne «c'est moi, ça». On peut aussi corriger ses faiblesses et mettre de l'avant ses points forts.

Q Quels sont vos dernières réalisations et vos projets pour 2015?

R Il y a beaucoup d'intangibles dans mes réalisations. J'amène trois choses dans les équipes avec lesquelles je travaille: la collaboration, la maîtrise de l'effet domino, soit l'impact sur les autres départements, et une vision globale qui permet d'avancer à un rythme régulier tout en voyant les détails. Les résultats découlent de tout ça. J'ai un nouveau poste à la BDC depuis décembre 2014. Je mets présentement sur pied une gouvernance pour bien gérer les départements tout en collaborant.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Louise Myrand

Bâtissez très tôt votre équipe

Louise Otis, avocate, juge internationale et professeure à la faculté de droit de l'Université McGill

Q Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui amorcent leur carrière en finance?

R Les premières années de la carrière sont extrêmement exigeantes. Il faut en plus composer avec les relations humaines au travail. Dans cette frénésie, il faut garder le cap sur soi et être intègre. Le travail ardu et des compétences sont la base d'une carrière réussie. Ce n'est pas le chemin le plus rapide, mais ça permet de ne pas renier qui nous sommes. Je leur dis: bâtissez très tôt votre équipe et surtout, apprenez à dire merci. Nous ne sommes rien seules!

Q Quel est le meilleur conseil que l'on vous a donné?

R Ce qui m'a le plus servi, ce n'est pas un conseil. J'ai plutôt suivi l'exemple de mon père et de ma mère, qui ont travaillé de façon acharnée toute leur vie. Mon père a travaillé dans la forêt jusqu'à 75 ans pour payer mes études.

Q Quels sont vos dernières réalisations et vos projets pour 2015?

R Je viens tout juste de terminer la réforme de justice administrative de la Banque mondiale. Dans mes «temps libres», je suis notamment présidente du tribunal administratif de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Je devrais également passer quelques mois en 2015 à l'ONU à New York. En 2014, j'ai travaillé sur la réforme du système de justice administrative du Fonds monétaire international. J'ai aussi eu le mandat en 2013-2014 de réviser la Politique de divulgation et de protection contre les représailles de l'ONU.

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Louise Otis