C'est un lundi matin que Margarita Lafontaine a donné le coup de téléphone fatidique à Stéphanie Leblanc. «Je marchais dans la rue quand j'ai eu cette idée, et probablement que si j'avais su ce que ça représentait, je ne l'aurais jamais fait.»

Mais elles l'ont fait, et le magazine Premières en affaires fêtera son cinquième anniversaire l'automne prochain. «C'est ça, l'entrepreneuriat», ajoute-t-elle.

Le moment décisif était survenu en 2005, lorsque Margarita Lafontaine est devenue présidente de CREW Montréal (Commercial Real Estate Women). La rencontre de ces femmes d'affaires l'a incitée à chercher un moyen de faire connaître - et reconnaître - leur existence et leurs compétences.

Courtière en immobilier commercial, elle connaissait le monde des affaires. Mais comment édite-t-on un magazine? Elle a acheté un livre sur le sujet. «Je l'ai lu en un week-end et je me suis dit que j'étais capable.»

Quelques mois plus tard, munies d'un solide argumentaire, les deux fondatrices ont rencontré un premier client - masculin. «Qu'est-ce que vous connaissez à l'édition?» leur a-t-il demandé. Pour vaincre cette résistance, elles ont mis sur pied un comité consultatif de huit personnes, puis ont recruté la réputée Michèle Bazin comme rédactrice en chef.

Ce ne fut pas une croisière sans histoire. La crise financière de 2009 a failli faire sombrer le navire. «On a essuyé des pertes assez importantes, relate Margarita Lafontaine, mais on a tenu le coup, et c'est reparti.»

Elle est devenue éditrice à temps plein. Son magazine, qui n'avait qu'un seul employé il y a encore un an et demi, en compte maintenant cinq. «On n'y parle pas d'hommes versus femmes, on y parle d'affaires, de finances, de marketing, décrit-elle. On a changé des vies!»