Elles évoluent dans un monde d'hommes et elles ont réussi à s'y tailler une place enviable. Leurs succès sont aujourd'hui célébrés puisqu'elles sont toutes trois en nomination dans la catégorie Leadership du gala annuel de l'Association des femmes en finance du Québec (AFFQ).

Miser sur les questions de gouvernanceGuylaine Raby

Vice-présidente, gestionnaire de portefeuille adjointe, Valeurs mobilières Desjardins (VMD)

«Il y a 15 ans, parler de gouvernance des entreprises et de diversité dans les conseils d'administration, ou parler chinois, c'était pareil!», se souvient Guylaine Raby. Elle a tout de même persisté et tranquillement, l'intérêt de la part du public et des investisseurs s'est développé, bien qu'elle remarque qu'il reste encore beaucoup à faire dans le concret.

«Les gens sont pour la vertu, mais il faut que ce soit payant!», affirme-t-elle. En 2006, elle a toutefois pu s'appuyer sur des arguments de poids pour défendre sa cause, alors que la Chaire de gouvernance et de juricomptabilité de HEC Montréal publiait les résultats d'une étude prouvant que dans certaines situations, les sociétés où les femmes sont bien représentées dans des postes clés ont généré des rendements de 6% supérieurs à la normale entre 2001 et 2004.

«Les résultats de leurs travaux de recherche ont servi à édifier les portefeuilles PDG pour performance, diversité et gouvernance», affirme celle qui gère des portefeuilles depuis plus de 25 ans.

Avec les nombreux scandales financiers qui ont éclaté ces dernières années, Guylaine Raby remarque que les gens s'intéressent davantage à ces questions.

«Il reste tout de même encore beaucoup de travail de sensibilisation à faire, précise-t-elle. Encore aujourd'hui, les caisses de retraite et les investisseurs institutionnels ne tiennent pas toujours compte des questions de gouvernance et de diversité lorsque vient le temps d'investir.»

Comment faire pour susciter le changement? «Il faut agir! Lorsqu'on met en place des politiques de placement, il faut inclure des paramètres de bonne gouvernance et des mécanismes de saine gestion de portefeuille», explique Mme Raby qui est en poste chez VMD depuis la création de la société de courtage, en 1991.

 

Poursuivre sur la lancée après une année record

Edmée Métivier

Vice-présidente exécutive, financement et consultation, Banque de développement du Canada (BDC)

La BDC a livré pour plus de 4 milliards de dollars en prêts à des entreprises canadiennes pendant son année financière 2009-2010. Un record historique.

«Avec la récession et la crise des liquidités, la pression était très forte sur la BDC en 2009 et les attentes étaient très élevées. Il fallait être plus visible, prendre plus de place, démontrer la pertinence de notre mandat et devenir de véritables partenaires des institutions financières pour faire en sorte que les entreprises canadiennes continuent d'avoir accès à du financement», explique Edmée Métivier.

Peut-on dire «mission accomplie» ? «Absolument! affirme-t-elle. Le partenariat a très bien fonctionné et, d'ailleurs, le Conference Board du Canada a sorti un rapport dernièrement dans lequel le travail de la BDC et de ses partenaires pendant la crise était cité en exemple.»

La BDC est une organisation de 1800 employés, dispersés dans 100 centres d'affaires au Canada.

«Il a vraiment fallu exercer un rôle de catalyseur d'énergie à travers le pays. Tout le monde a été mis à contribution», affirme la vice-présidente exécutive qui précise que les femmes sont bien représentées dans l'organisation.

Et maintenant, est-ce que les entreprises commencent à montrer des signes qu'elles reprennent des forces?

«Oui, on sent la reprise, même si certaines régions sont plus affectées que d'autres. Les entreprises disent qu'elles sont prêtes à réinvestir et à penser à leur croissance», affirme Edmée Métivier.

Après le record historique, la BDC se retrouve face à d'autres grands défis pour l'année en cours.

«Il faut maintenir le momentum, consolider notre relation d'affaires avec les grandes institutions financières et avec les entreprises canadiennes. Nous voulons prendre le virage avec elles et les soutenir dans leur croissance plutôt que de seulement les aider à passer à travers la crise», ajoute-t-elle.

Photo André Pichette, La Presse

Edmée Métivier

Améliorer la planification de la retraite

Françoise Lyon

Vice-présidente, stratégie et marketing, Gestion de patrimoine, Banque Nationale Groupe Financier

Françoise Lyon fait partie de la poignée de personnes au Québec qui occupe un poste de haute direction dans une grande institution financière. Si elle a réussi à entrer dans ce club sélect, c'est grâce au parcours non traditionnel qu'elle a mené dans le monde de la finance depuis une quinzaine d'années. «J'ai touché un peu à tout, comme à la vente, à la formation et aux produits», indique-t-elle. Si on scrute son ascension, on réalise que oui, les femmes peuvent réussir dans les créneaux de la finance où traditionnellement, la gent féminine est très peu représentée.

«La voie n'est pas du tout barrée aux femmes. J'ai même fait des voyages de démarchage au Qatar et aux Émirats arabes unis pour une compagnie de produits financiers. J'étais évidemment la seule femme dans les rencontres!»

Arrivée à la Financière Banque nationale, en 2006, à titre de directrice du groupe solutions produits financiers, Françoise Lyon a quitté les bastions masculins il y a environ un an et demi pour accepter le poste de vice-présidente, stratégie et marketing, Gestion de patrimoine chez Banque nationale Groupe Financier.

«Je dois être constamment en contact avec des gens de toutes les lignes de gestion, alors c'est vraiment parce que j'ai déjà touché à tous ces secteurs que j'ai eu le poste», explique-t-elle.

En ce moment, Françoise Lyon travaille à relever deux grands défis: améliorer la planification de la retraite et mieux répondre aux besoins des femmes.

«Je crois que ces deux défis pourront être relevés grâce au virage que la banque a pris dernièrement pour se positionner en tant que coach financier pour ses clients, affirme Mme Lyon. Nous voulons que nos conseillers tissent de véritables liens avec leurs clients et qu'ils discutent très tôt de leurs rêves et de leurs projets de retraite. Je crois aussi que cette approche plaira aux femmes qui, selon ce que révèle un récent sondage, se disent en majorité mal servies par les institutions financières.»

Photo André Tremblay, La Presse

Françoise Lyon