Les prix élevés de l'or et des métaux usuels ont fait bondir  les bénéfices des entreprises minières, en particulier ceux des producteurs d'or. Croissance de la production, réinvestissement de ces profits et injection de nouveaux capitaux sont donc au menu pour la prochaine année.

Mines Aurizon, par exemple, a plus que doublé  les profits d'exploitation de sa mine d'or de Casa Berardi par rapport à l'an dernier, dégageant 72 millions pour les trois premiers trimestres de l'année, sur des revenus de 174 millions. Son unique mine d'or située à l'ouest de La Sarre, en Abitibi, a produit 118 000 onces durant cette période et prévoit en produire autour de 155 000 pour toute l'année.

Aurizon a reçu en moyenne 1544 $ US pour chaque once vendue, comparativement à 1070 $ US l'an dernier. Ses débours au comptant n'ont été que de  551 $ US l'once. Ses liquidités s'élevaient à 178 millions au 30 septembre.

Selon Martin Bergeron, vice-président exploitation d'Aurizon, l'objectif de  société est de hausser la production annuelle entre 400 000 et 500 000 onces d'ici cinq ans. Seulement pour 2011,  le budget d'exploration et de développement d'Aurizon atteint 38millions, dont 13 millions pour  la mine Casa Berardi, et le reste pour le projet Joanna et les partenariats tels que Marban, Fayolle et Rex South,  tous situés au Québec.

« Le Québec, en dépit de l'augmentation des droits miniers, demeure un endroit très intéressant pour investir. Cependant nous examinons aussi des projets à l'extérieur du Canada »,  a dit M. Bergeron à La Presse.

Pour sa croissance interne, Aurizon mise d'abord sur  le gisement d'or Joanna, situé juste à l'est de Rouyn-Noranda, et qui contient des ressources de 2,3 millions d'onces.  Toutefois, Aurizon a du reporter au début de 2012 la complétion de l'étude de faisabilité. En effet des défis métallurgiques pour le traitement du minerai et la hausse généralisée des coûts de construction ont imposée une optimisation plus poussée de tout le plan d'exploitation.

« Au prix actuel de l'or, Joanna deviendra une mine. Son exploitation  ne démarrera vraisemblablement pas avant la fin de 2013 ou 2014. Il nous faudra effectuer des acquisitions pour atteindre notre objectif de production », a dit M. Bergeron.

Richmont et Wasamac

Martin Rivard, président de Mines Richmont, veut faire passer quant à lui la production de 75 000-80000 onces en 2011 à autour de 200 000 onces d'ici deux ou trois ans. Richmont exploite présentement les mines Beaufor, près de Val-d'Or, et Island Gold, en Ontario. La mine Francoeur, la troisième mine, devrait démarrer, avec un peu de retard, en 2012.

Selon M. Rivard, le gisement Wasamac situé près de Rouyn-Noranda constitue la pierre d'assise de la croissance interne. Le gisement renferme des ressources de près de 1,4 million d'onces,  chiffre qui pourrait être augmenté à la suite des forages de 2011. La teneur de la minéralisation est de l'ordre de 2,7 grammes d'or la tonne.

« On pense que l'utilisation d'une méthode de minage à grand volume peut rentabiliser l'exploitation souterraine d'un minerai de cette teneur. Ce genre de mine pourrait nous ajouter quelque 100 000 onces d'or par année », a expliqué M. Rivard.

La société pourrait tirer aussi quelques milliers d'onces additionnelles de projets plus modestes comme celui de Monique, une petite exploitation à ciel ouvert, et une rampe de faible profondeur près de la mine Beaufor. Des acquisitions viendraient compléter cette croissance interne.

Richmont a dégagé près de 30 millions en profits d'exploitation en trois trimestres en 2011. La société a investi  7,1 millions en exploration durant cette période. Richmont  possédait 54 millions de liquidités au 30 septembre. Comme son nombre d'actions émises n'est que de 33 millions, le recours au financement externe ne pose aucun problème, selon M. Rivard.

Agnico-Eagle : projet de mine à ciel ouvert à Bousquet

Après une période d'investissements intensifs dans Laronde Extension, Lapa et Goldex, les investissements d'exploration et de mise en valeur de Mines Agnico-Eagle au Québec devraient diminuer.

Agnico investit davantage à l'étranger. Plus de 60 % de la production de métaux et plus de  52 % de ses revenus proviennent d'autres juridictions. En 2011, la société aura investi quand même quelques 25 millions US en exploration dans ses propriétés Laronde, Lapa et  Goldex.

Toutefois,  des projets à l'étude présentement, s'ils s'avèrent rentables, pourraient  redémarrer ses investissements dans la province. Agnico publiera  d'ici la fin de l'année les résultats d'une étude économique préliminaire sur l'exploitation à ciel ouvert de la Zone 5 Bousquet 1 située à quelques kilomètres à l'ouest de la mine Laronde. Le gisement renferme des ressources de 1,18 million d'onces. Beaucoup plus en profondeur, Agnico a exploré le gisement Ellison dont le premier calcul des ressources devrait être annoncé avant la fin de l'année.

IAMGOLD et Goldcorp : des mégaprojets

Sans tambour ni trompette, IAMGOLD est en voie de devenir l'un des plus gros investisseurs miniers de la  province. Pour le seul gisement d'or Westwood, situé à l'est de la mine Doyon,  la société y aura investi plus de 400  M$ US entre 2010 et 2013, dont 146 millions US en 2011 pour la mise en production. La future mine,  qui contient des ressources de près de 4M d'onces d'or, devrait produire quelque 185 000 onces d'or par année.

De plus, IAMGOLG, qui a acheté Cambior en 2006, a septuplé les ressources de sa mine de niobium Niobec, située au nord du Saguenay.  Elle étudie sérieusement la possibilité d'y investir 840 millions US pour tripler la production de niobium, et peut-être même y ajouter une petite quantité d'éléments de terres rares. L'augmentation de la production se ferait soit par une fosse à ciel ouvert, soit par une méthode souterraine de foudroyage en masse. L'étude de préfaisabilité sera complétée d'ici la fin de l'année. La valeur actualisée du projet  dépasserait 1,6 milliard US (après impôt), selon un scénario d'une marge de profits de 28  $ US le kilo de niobium produit.

Goldcorp fera une entrée spectaculaire dans l'industrie aurifère du Québec avec la mise en production de la mine Éléonore achetée de Mines Virginia en 2006. La société prévoit y investir plus de 1,4 milliard US.

Les 9 millions d'onces de réserves et ressources de la mine permettront de soutenir une exploitation souterraine de plus de 600 000 onces d'or par année. Ce serait l'une des plus grosses mines d'or souterraines du Canada. La  société entrevoit même de produire l'or à un coût au comptant inférieur à 400 $ US l'once, l'un des plus bas au monde.

Investissements plus modestes pour Metanor

À Desmaraisville, à une centaine de km à l'est de Chapais, Ressources Metanor veut redémarrer l'ancienne mine Bachelor. L'objectif est d' y produire 60 000 onces d'or par année à partir de 2012, à un coût au comptant de moins de 500 $ US l'once.

Pour ce faire, la société vient de compléter un financement innovateur de 20 millions US avec Sandstorm, sans émission d'action ni obligation de remboursement. La seule contrepartie est que Sandstorm a acquis le droit d'acheter  20 % de toute la production d'or annuelle de Bachelor à un prix de 500 $ US l'once.

Presque dans la ville de Val-D'Or, Mines d'or Wesdome poursuit l'exploitation et l'exploration de la mine Kiena. En 2010, Wesdome a découvert une minéralisation à haute teneur en or désignée  par découverte  Dubuisson. La société y a un budget d'exploration de 1 million en 2011, montant qui s'ajoute aux 6,2 millions pour l'exploration des nouvelles zones de la mine Kiena.