Neuf mois après avoir découvert bien malgré eux les concepts de forages, de claims et de free mining, la municipalité et les citoyens de Saint-Camille, dans les Cantons-de-l'Est, continuent d'exprimer leurs inquiétudes sur la législation minière québécoise.

Il y a un an, dans un cahier spécial, La Presse évoquait la possibilité d'un nouvel Osisko, dans les Cantons-de-l'Est: la société d'exploration Bowmore, liée à Osisko, amorçait un programme d'exploration sur la base d'un modèle à faible teneur en or, près des villages de Saint-Camille et de Wotton.

Quelques semaines plus tard, la communauté de Saint-Camille se cabrait pour forcer Bowmore à rendre des comptes, avec une ardeur qui allait résonner dans plusieurs médias de la province.

Depuis ces événements, en février dernier, des représentants de Saint-Camille et du comité citoyen Mine de rien ont rencontré le ministre Serge Simard, ont présenté des mémoires sur deux projets de loi et suivent de près la société minière qui détient les claims sur le territoire municipal.

Ils ont développé des liens avec des gens de Saint-Élie-de-Caxton, en Mauricie, où on craint aussi le secteur minier, et des citoyens de Malartic, en Abitibi, qui doivent vivre avec la gigantesque mine à ciel ouvert d'Osisko.

Message clair

Le message est clair: «On veut rappeler le rôle des élus et des communautés locales, s'assurer qu'ils aient le pouvoir nécessaire pour prendre en main leur propre développement», explique Joël Nadeau, porte-parole du comité Mine de rien.

Aussi, précise le maire de Saint-Camille Benoit Bourassa, il faut abolir la préséance de la Loi sur les mines sur toutes les autres lois.

C'est ce que le maire et un membre du comité Mine de rien sont allés plaider jusqu'en commission parlementaire.

«Les élus sont responsables de l'aménagement et du développement, sauf dans le cas des mines, observe M. Bourassa. C'est une aberration.»

Saint-Camille a même obtenu une rencontre avec le ministre responsable des mines pour faire valoir son point de vue, peu avant la sortie du projet de loi 14, deuxième mouture de la réforme de la Loi sur les mines.

«C'est un projet de loi qui ne répond pas vraiment à nos inquiétudes», déplore Joël Nadeau. Le pouvoir des municipalités sur le seul périmètre urbain et les zones de villégiature, ajouté dans le nouveau projet, ne convainc pas à Saint-Camille.

Nouvelles attendues

Quant aux relations entre Saint-Camille et Bowmore Exploration, elles ne semblent pas s'être beaucoup améliorées, du moins du point de vue de Saint-Camille.

En février dernier, le président de Bowmore, Paul Dumas, a rencontré le maire et d'autres représentants de la municipalité.

Tous ont convenu de favoriser une meilleure communication et une meilleure transparence.

Or, le maire accepte mal qu'une première assemblée publique organisée par la société à la fin avril ait été annoncée à seulement deux jours d'avis, et après le début des premiers forages.

En entrevue à La Presse, le président Paul Dumas soutient avoir été transparent.

«Nous avons fait une rencontre citoyenne pour nous assurer que tout le monde soit au courant, nous avons dévoilé tous les travaux que nous voulions faire et nous avions tous les permis.»

Bowmore a foré huit trous pour 1800 mètres. La société est en train de compiler les résultats, qui seront dévoilés avant la fin de l'année.

Pas de réponse

C'est la raison pour laquelle, note M. Dumas, la municipalité de Saint-Camille n'a pas encore eu de nouvelles de Bowmore et que le comité Mine de rien n'a pas obtenu de réponse à ses récentes demandes d'information.

«Nous avons des discussions à l'interne, mais dès que nous aurons pris une décision, on discutera avec la municipalité de la suite des travaux», assure Paul Dumas.

Dans la dernière année, Bowmore [BOW au TSX Venture] a également beaucoup travaillé sur deux projets qu'elle détient au Mexique.