La hausse soutenue du prix de l'or au cours des dernières années a hissé le métal précieux à la tête, et de loin, des métaux les plus recherchés au Québec. Cependant, d'autres métaux ou substances minérales commencent à attirer de plus en plus de capitaux.

Selon Ressources naturelles Canada, la recherche de l'or a absorbé 50,6% des 483 millions investis dans l'exploration minière au Québec l'an dernier. Le fer et les autres métaux comme le lithium, les terres rares et les autres substances non métalliques ont attiré 19% des sommes investies, comparativement à 12,2% pour les métaux communs et 8,2% pour l'uranium.

«On constate effectivement une diversification des métaux recherchés au Québec. L'exploration du fer a repris et des projets de lithium, de terres rares, d'apatite et de niobium voient le jour», remarque André Gaumond, président de Mines Virginia, un des chefs de file de l'exploration minière au Québec.

L'or en avance

M. Gaumond et sa société restent toutefois des fervents de l'exploration de l'or et des métaux communs.

Virginia possède 46 millions en encaisse et perçoit une redevance par anticipation de 100 000$ US par mois sur la future mine Éléonore, de Goldcorp.

Lors de l'exploitation, la redevance sera de 2% de la production d'or, mais pourrait grimper jusqu'à 3,5% selon la quantité totale extraite et le prix de l'or.

En 2011, Virginia et ses partenaires ont investi 17 millions en exploration. M. Gaumond entrevoit un budget plus élevé en 2012, car il anticipe jusqu'à 25 000 mètres de forage, comparativement à 17 000 cette année.

Virginia veut réaliser 13 000 mètres de forage sur la propriété de métaux usuels Coulon, à la Baie-James. La propriété renferme des ressources, non économiques dans les conditions actuelles, de quelque 14 millions de tonnes.

«La plus grosse ressource non développée de cuivre, de zinc et d'argent au Québec», soutient M. Gaumond.

Le géologue et ancien analyste minier justifie l'investissement sur Coulon par la découverte d'une nouvelle zone de sulfure massif et semi-massif de 37 mètres d'épaisseur réelle, dont 10 mètres à 7,3% de zinc, 0,88% en cuivre et 85 grammes la tonne en argent.

Toujours à la Baie-James, Virginia vérifiera aussi des cibles de métaux usuels sur la propriété Gayot et de nickel sur la propriété Bay Payne en partenariat avec Anglo American.

Le reste du budget de 2012 sera investi dans les propriétés aurifères principalement dans Poste Lemoyne, Lac Pau et La Grande, où des ressources d'or sont déjà délimitées.

Nouveaux indices pour Azimut

L'exploration pionnière que mène Exploration Azimut sur sa propriété Rex Sud, au Nunavik, a porté ses fruits. La société s'est donnée comme vocation de monter des projets d'exploration, puis de trouver des partenaires pour les financer.

Ainsi, avec son partenaire Mines Aurizon, Azimut a découvert sur Rex Sud des indices d'or et de différents métaux totalement inconnus jusque-là.

Sur la zone Copperton, par exemple, des échantillons choisis ont donné des teneurs en or de deux à sept grammes la tonne et des teneurs d'un à neuf pour cent en cuivre.

«Nous avons réalisé plusieurs succès techniques et nous misons là-dessus pour déboucher tôt ou tard sur une découverte minière», dit Jean-Marc Lulin, président d'Azimut.

Parmi les succès techniques, M. Lulin souligne la découverte d'une intrusion granitique contenant différents métaux, une première au Québec pour ce type de formation rocheuse.

En 2010 et 2011, Azimut et ses partenaires ont investi quelque 13 millions dans différentes propriétés au Nunavik et à la Baie-James.

Le lithium attire les Chinois

Les ressources connues de lithium (Li2O) ont augmenté considérablement à la Baie-James à la suite des travaux de trois sociétés.

Au nord de Matagami, Lithium One a délimité des ressources de 22 millions de tonnes à des teneurs variant entre 1,2 et 1,3% en lithium sur sa propriété Lithium Baie-James.

Toujours au nord de Matagami, Exploration First Gold a circonscrit des ressources de 14 millions de tonnes à une teneur entre 1,27 et 1,34% en lithium sur sa propriété Lac Rose. La société a détecté la présence d'autres métaux et de terres rares.

À 25 km à l'est de la communauté crie de Nemaska, Exloration Nemaska a estimé des ressources indiquées, mesurées et présumées de l'ordre de 25 millions de tonnes à des teneurs entre 1,57% et 1,63% de lithium pour son projet Whabouchi.

Nemaska vient d'annoncer un financement de 8,7 millions pour la mise en oeuvre d'une étude de faisabilité de l'exploitation du gisement et entreprendre les démarches d'obtention des permis.

Chengdu Tianqi Industry Group, un important fabricant chinois de composés de batteries de lithium, participera à hauteur de 19,9% au financement, maintenant son niveau de participation dans le capital de Nemaska.

Toutefois, le projet de lithium le plus proche de l'exploitation est celui de Canada Lithium près de La Corne, situé à 60 km au nord-ouest de Val-d'Or, sur le site d'une ancienne mine de lithium souterraine.

Toutefois, en mai dernier, la société a dû réduire de près de 50% les ressources de son gisement Québec Lithium par rapport aux études préliminaires, à autour de 49 millions de tonnes à 1,16% en lithium.

Les réserves prouvées et probables sont de 17 millions de tonnes à 0,94% en lithium.

Canada Lithium veut y réaliser une exploitation à ciel ouvert et une usine de traitement qui coûterait 227 millions US à construire.

La production atteindrait quelque 20 000 tonnes de carbonate de lithium (Li2CO3) qui coûteraient 3165$US au comptant à produire, mais qui rapporteraient 5875$US la tonne en moyenne, selon les prévisions actuelles du marché.

Les vieux camps miniers

Même si la Baie-James et le nord du Québec attirent beaucoup d'investissements en exploration, les vieux camps miniers, en raison de leur proximité et de la disponibilité des services miniers, conservent leur attrait.

À l'ouest d'Amos, Royal Nickel vient de présenter son étude de faisabilité d'une vaste exploitation à ciel ouvert de son gisement de nickel à basse teneur Dumont (réserves de 1,1 milliard de tonnes à 0,27% en nickel).

Selon l'étude, il en coûterait 1,1 milliard$US pour construire une exploitation à ciel ouvert de 50 000 tonnes de minerai par jour dont on extrairait quelque 96 millions de livres de nickel par année pendant 19 ans, puis 59 millions de livres durant les 12 années suivantes. Le coût d'exploitation au comptant serait de l'ordre de 4,13$US la livre. Le prix actuel du nickel est de 8,13$US la livre.

Toujours selon l'étude, la valeur actualisée du projet serait de 1,1 milliardUS, en actualisant les flux monétaires futurs au taux de 8% et en utilisant un prix de long terme du nickel de 9$US la livre.

Les prochaines étapes pour Royal Nickel consisteront à réaliser les travaux techniques nécessaires à la préparation d'une étude de faisabilité complète.

La société commence aussi les démarches d'obtention des permis et les négociations avec les principaux intervenants dans le projet.

Dans le camp minier de Rouyn-Noranda, les Ressources Yorbeau ont maintenant défini deux nouveaux gisements d'or, soit Lac Gamble et Cindirella, sur la propriété Rouyn qui chevauche la faille Cadillac sur 12 km.

Ces gisements, dont les ressources seront calculées au cours des prochains trimestres, s'ajoutent à ceux d'Augmitto et d'Astoria qui renferment ensemble des ressources de près de 500 000 onces d'or.

Pour l'hiver, Yorbeau prévoit forer les gisements Lac Gamble, l'un des plus prometteurs de la propriété.

Dans le camp minier de Chibougamau, Ressources Cogitore a défini un gisement de 5 millions de tonnes qui contient des valeurs de zinc-cuivre-argent de près de 1,2 milliard au prix actuel des métaux.

La société continue de forer des zones minéralisées pour accroître les ressources, afin de préparer une étude économique préliminaire.

Cogitore regarde la possibilité de construire une usine de traitement régionale qui pourrait traiter du minerai d'autres petits gisements de la région.