Depuis sa naissance en 1983, l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) est devenue un chef de file en protection environnementale dans le secteur minier. Des étudiants d'Afrique, d'Europe et d'Asie s'inscrivent à ses programmes de maîtrise et de doctorat afin de contribuer à cette science encore bien jeune.

«À l'époque, les entreprises minières avaient rarement plus d'un employé qui s'intéressait aux questions environnementales. Aujourd'hui, elles engagent des dizaines de personnes, titulaires de maîtrises et des doctorats», explique Denis Bois, directeur de l'Institut de recherche en mines et en environnement de l'UQAT.

Parmi ses nombreux champs d'expertise, l'Institut tente de prédire le comportement des matériaux à travers le temps. «Les compagnies sont conscientes qu'elles sont responsables de leurs sites miniers longtemps après la période d'exploitation. Elles veulent donc connaître l'état de la situation, évaluer les risques et comprendre les différentes problématiques.

Par exemple, on développe des méthodes de gestion intégrée des résidus. On essaie d'en retourner une partie sous terre en créant des piliers temporaires pendant l'exploitation. Plusieurs recherches sont faites pour assurer leur stabilité mécanique et chimique.»

Filtrer l'eau naturellement

Afin d'améliorer les performances environnementales de l'industrie minière, l'Institut développe des modes de restauration des sites, pour empêcher le phénomène de drainage minier acide. Les chercheurs se concentrent également sur le traitement des eaux minières contaminées, en créant des filtres naturels. Dans une région comme l'Abitibi-Témiscamingue, la préservation de l'eau est un sujet particulièrement sensible. Les villes d'Amos, Senneterre et Barraute ont d'ailleurs gagné des concours internationaux de qualité d'eau municipale par le passé.

«L'eau de plusieurs villes abitibiennes est d'une aussi grande qualité, parce qu'elle est filtrée naturellement par des Eskers, soutient Denis Bois. Notre programme de protection d'eau souterraine analyse ce qui lui confère cette propriété. Nous cherchons des moyens pour la préserver et nous nous intéressons aux capacités de régénération des Eskers.»

Associée à Polytechnique Montréal, l'UQAT offre des programmes de maîtrise en génie minéral et de doctorat en sciences de l'environnement. «Tous les grands thèmes de l'institut sont à l'étude. Avec la présence d'entreprises d'exploitation minière à nos portes, nous pouvons sortir d'une vision théorique en allant vérifier directement sur place l'évolution de la situation. Nous collaborons régulièrement avec Agnico Eagle, Xtrata, Aurizon et Osisko. C'est très intéressant pour nos étudiants.»

Sans faire de promotion de son programme à l'international, l'Institut de recherche en mines et en environnement compte des étudiants de la République démocratique du Congo, du Burkina Faso, du Maroc, de Russie, du Bénin, de Chine, de Madagascar, de France, de Belgique et de l'île de la Réunion. «Nos collaborateurs internationaux nous mettent en lien avec des candidats intéressants. Le bouche à oreille fonctionne aussi très bien dans notre cas», mentionne Denis Bois.