Incontournables, les médias sociaux façonneront les industries de demain. Quand l'internet 2.0 impose son rythme aux entreprises.

Aux yeux de nombreuses entreprises, les médias sociaux restent un filon prometteur qui n'a toujours pas été pleinement exploité. La popularité de ces réseaux et la connexion d'accessoires dans les prochaines années devraient générer des données qui permettront aux entreprises de connaître encore mieux les besoins de leur clientèle.

«L'ensemble de ces interactions permettent - et permettront - de savoir ce que vous êtes, qui sont vos amis et vos parents, de connaître vos affinités et ce que vous aimez», indique Salim Hasham, associé à PwC.

Cette connaissance, précise le spécialiste, permettra aux entreprises non seulement de brosser un portrait détaillé de sa clientèle, mais également d'y adapter toute la chaîne de production.

Le nombre d'utilisateurs des médias sociaux continue de croître. De 1,6 milliard en 2013, il devrait atteindre 2,4 milliards en 2018, selon le portail Statistica.

Toutefois, après une croissance explosive dans la dernière décennie, pour la première fois, en 2015, la croissance du nombre d'utilisateurs tombera à moins de 10% (9,3%), selon Statistica. Elle devrait être de 6,8% en 2018.

Analyses précises

Les outils dont disposent aujourd'hui les entreprises permettent d'analyser avec justesse les données issues des médias sociaux à des fins de marketing et de communications, note pour sa part Lynda St-Arneault, présidente d'Exo B2B, agence de marketing montréalaise.

«Il y a quelques années seulement, il fallait débourser des sommes considérables pour traiter les données relatives à la clientèle. Aujourd'hui, des outils permettent d'analyser, sans que cela coûte trop cher, certaines informations, comme celles liées aux médias sociaux ou à ceux qui visitent les sites des entreprises», dit-elle.

L'accessibilité de ce type de données change la donne. Salim Hasham cite l'exemple des entreprises d'assurances qui ont diversifié leur gamme de produits grâce à la télématique. Un assureur automobile, par exemple, adapte maintenant la police d'assurance en fonction de la conduite de son client. «Cela devrait s'étendre à d'autres industries», croit-il.

Vie privée

Le recours aux médias sociaux et aux données fournies par les objets connectés ne se fera pas sans bouleversement, indique Salim Hasham. Comme cela a déjà été le cas, le plus grand défi sera celui de la préservation de la vie privée.

Dans les dernières années, «les jeunes ont donné facilement un nombre notable de renseignements personnels en contrepartie de services pour le moins minimes», rappelle Salim Hasham.

L'onde de choc causée par les révélations d'Edward Snowden pourrait bien changer la donne. «L'internet du futur se façonnera certainement en fonction des solutions aux actuelles questions qui touchent la vie privée», conclut-il.

Neutralité du Net: le débat qui façonne l'internet de demain

Vidéo en streaming, internet des objets, interconnexion des machines, accessoires intelligents: l'internet sera considérablement plus sollicité dans les années à venir. Jamais le débat sur la neutralité du Net n'aura été autant d'actualité.

La neutralité du Net est un principe qui a pour but de garantir l'égalité de traitement de tous les flux de données sur l'internet, sans égard à la source, à la destination ou au contenu de l'information transmise.

Le débat entourant ce concept, qui dure depuis près d'une décennie, s'est intensifié dans la dernière année. L'encadrement juridique qui en ressortira aura de fortes répercussions non seulement sur l'internet de demain, mais aussi sur la croissance des entreprises qui s'appuient sur le réseau des réseaux.

Si la neutralité n'est pas reconnue, cela créera une sorte d'internet à deux vitesses, laisse entendre Salim Hasham. «Les entreprises qui pourront payer davantage seront avantagées. Leur réseau sera plus performant et plus sécurisé. Et celles qui ne peuvent investir autant devront se contenter d'un réseau de moindre qualité.»

Rappelons que le débat s'est envenimé aux États-Unis depuis que le gendarme des télécommunications, la Federal Communications Commission (FCC), étudie la possibilité de mettre fin à la règle de la neutralité du Net. Des frais supplémentaires pourraient être imposés aux entreprises qui ont besoin d'un grand flux de données, comme YouTube ou NetFlix.