Les enjeux énergétiques occupent beaucoup de place au Québec. Voici cinq mots-clés pour mieux les comprendre.

Réduction

D'ici 2020, le Québec s'est fixé comme objectif de réduire de 20% sous le niveau de 1990 ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Selon deux spécialistes, la seule façon de réduire notre empreinte écologique est de s'attaquer au secteur des transports, lequel génère 44% des GES. Or, aucune mesure concrète n'a été mise en place, disent-ils. «Ça passe par une réduction de notre dépendance au pétrole», dit Steven Guilbeault, directeur principal d'Équiterre. «Ça va prendre plus de covoiturage, de télétravail, de transports collectifs», soutient Pierre-Olivier Pineau, professeur spécialisé en énergie à HEC Montréal.

Surplus

Entre 2014 et 2023, Hydro-Québec prévoit des surplus énergétiques de 75 tWh, soit suffisamment d'électricité pour alimenter annuellement 4,5 millions de résidences. Le gouvernement souhaite, notamment, utiliser ces surplus pour attirer les investissements d'entreprises qui, en échange d'emplois créés, profiteront de tarifs préférentiels. Par ailleurs, certains espèrent que la société d'État exportera son électricité en Nouvelle-Angleterre, où trois importants projets de lignes de transport sont sur la table. D'autres voix s'élèvent également pour que nos dirigeants utilisent cette énergie afin de créer d'importants chantiers industriels, voire de transports collectifs comme l'achat en masse d'autobus électriques, ou la mise en place d'un monorail électrique rapide qui desservirait toutes les régions du Québec.

Pétrole

En investissant 115 millions à Anticosti, le gouvernement du Québec s'associe à Junex, Pétrolia et Corridor Ressources. Objectif: connaître le potentiel pétrolier de cette île du Saint-Laurent. Le dossier suscite de nombreux débats. Écologistes, politiciens, chercheurs et citoyens s'affrontent sur la place publique pour défendre ou conspuer ce projet. Les retombées économiques de la filière pétrolière à Anticosti sont évaluées à 45 milliards en 30 ans. Au Québec, deux autres sites risquent de faire les manchettes au cours des prochaines années: la Gaspésie, où une partie de la population réclame un moratoire, et le gisement d'Old Harry, dans le golfe du Saint-Laurent à la frontière de Terre-Neuve, qui, lui, fait actuellement l'objet d'un moratoire.

Transport

Le Québec s'est doté en 2013 d'une politique d'électrification des transports. Le gouvernement y injectera quelque 516 millions. Crédit pour l'achat de voitures électriques, déploiement massif de bornes de recharges (5000 à terme), création d'un pôle d'excellence dans le transport électrique et mise à contribution des entreprises québécoises ne sont que quelques-unes des initiatives contenues dans cette politique qui ne fait toutefois pas l'unanimité. «On ancre les gens dans le paradigme de l'auto alors que nos infrastructures routières tombent en ruines. Et qui dit que les bornes de recharge seront encore bonnes dans quelques années, que les normes seront toujours les mêmes?», s'interroge Pierre-Olivier Pineau, de HEC Montréal.

Pipeline

Deux projets de pipeline retiennent actuellement l'attention au Québec. Celui d'Enbridge consiste à inverser le flux de son oléoduc 9B afin d'acheminer du pétrole de l'Ouest canadien aux raffineries de Montréal (Suncor) et de Lévis (Valeo). Celui de TransCanada tente de gagner la faveur des gouvernements provinciaux, des maires, des agriculteurs, bref, de la population en général, afin de construire son Oléoduc Énergie Est. D'une longueur de 4500 km, celui-ci transportera environ 1,1 million de barils de pétrole brut par jour de l'Alberta et de la Saskatchewan vers le Nouveau-Brunswick. Ce pipeline traversera différentes régions du Québec, notamment sous le fleuve Saint-Laurent. Enbridge devrait créer très peu d'emplois, tandis que TransCanada promet des retombées substantielles dans ce projet de 12 milliards.